LE DIAMANT DU NUL
L’année indienne a démarré sur les chapeaux de roue pour Netflix avec la sortie en janvier de l’excellente mini-série Black Warrant : En sursis. On espérait voir le géant du streaming confirmer cette belle dynamique grâce à la super-production Voleur de diamant : Le casse commence. D’autant que la plateforme semblait confiante au point d’annoncer ce long-métrage comme le premier volet d’une future franchise populaire.
Sur le papier, tout semblait indiquer la possibilité d’un divertissement honnête et efficace. Un film de casse qui promet de mêler twists renversants, voyage, action et suspense. Sans espérer un projet magistral qui vienne révolutionner le genre façon Ocean’s Eleven, difficile de ne pas faire preuve d’un minimum de curiosité. D’autant que la présence de Siddharth Anand à la production, réalisateur du mémorable Pathaan, laissait espérait une certaine générosité dans le divertissement et l’action.

Face au produit fini, on peine à trouver les raisons de s’enthousiasmer tant les promesses n’ont pas été tenues. On retiendra tout de même les deux acteurs principaux, Saif Ali Khan et Jaideep Ahlawat, qui tentent tant bien que mal de garder le cap au beau milieu d’un naufrage complet.
Saif Ali Khan semble répéter le registre familier du héros trouble mais malin qu’il a maintes fois incarné, notamment dans la saga Race. De son côté, Jaideep Ahlawat abandonne totalement la finesse dont il est capable pour camper une brute sadique rappelant le rôle qu’il tenait dans le bien meilleur An Action Hero. Les immenses qualités de jeu des deux hommes ne sont plus à prouver depuis bien longtemps et on espère surtout que le chèque en valait la peine.

IT’S THE TIME TO FIASCO
Dès les premières minutes, Voleur de diamant s’illustre par la laideur des images qu’il nous propose. Entre la colorimétrie criarde et l’éclairage aveuglant, on comprend rapidement que l’expérience sera tout sauf un plaisir pour les yeux. Le rendu donne à tout le film cette impression inable de regarder une suite infinie de reels sur Instagram avec des filtres plus outranciers les uns que les autres.
Mais ce combo de néons et de couleurs trop saturées est soigneusement réfléchi. L’objectif est d’attirer l’attention coûte que coûte, d’ à outrance l’esthétique des réseaux sociaux. Il ne s’agit aucunement de direction artistique mais bien d’appliquer une recette toute trouvée pour que les regards soient forcés de s’arrêter au moins temporairement sur les images insignifiantes qui défilent à l’écran.

Voleur de diamant est réalisé par Kookie Gulati. Plutôt habitué aux films d’espionnage et aux thrillers sobres comme son récent Romeo Akbar Walter, Grewal semble totalement absent. Kookie Gulati en revanche s’est essentiellement cantonné à des séries b médiocres avec une filmographie qui ressemble plus à un casier judiciaire qu’à un CV. En résulte un long-métrage sans la moindre idée de mise en scène, des séquences d’action dénuées d’énergie et des dialogues plats bêtement illustrés à coups de champ-contrechamp.
On ne peut pas forcément dire plus de bien du montage anecdotique et du découpage sans queue ni tête. Cerise empoisonnée sur le gâteau périmé, la bande-originale composée par Shezan Shaikh alterne entre disco fade et électro déée. Les thèmes musicaux trop envahissants et répétitifs empiètent sur le peu qu’il reste de narration.

ALGO TRIP
Au-delà de l’incompétence technique, le véritable naufrage de Voleur de diamant réside finalement dans le fait qu’il incarne trop bien le film type de plateforme. L’écriture n’est qu’une suite de cases cochées. On va de twist en twist pour récupérer l’attention du public. Le développement du scénario est purement programmatique : un peu de romance pour une démographie spécifique, un peu d’action pour une autre. Les personnages ne sont que des fonctions, du héros en quête de rédemption à la hacker aux cheveux bleus qui est évidemment introduite via une partie de jeu vidéo.
Il n’y a pas une seule séquence lors de laquelle on pourrait sentir une once de conviction. Tout simplement parce que Voleur de diamant n’existe que pour nourrir l’algorithme de la plateforme. Et il est conçu de bout en bout pour relancer constamment l’attention distraite du spectateur type qui le regardera d’un œil sur son téléphone portable. L’objectif n’est pas d’offrir une expérience unique mais de ne rien tenter d’original afin de ne perdre personne en route.

Dans cette logique algorithmique, les dialogues se contentent de faire avancer artificiellement le récit ou de réexpliquer ce que la mise en scène illustrative a déjà montré. Si le cinéma indien est réputé pour sa capacité à offrir des dialogues mémorables à ses héros, Voleur de diamant se contente d’être un interminable tutoriel qui guide et infantilise son spectateur. Sa seule ambition est d’occuper du temps de visionnage.
Au final, tout semble aussi faux que les diamants en toc de ce braquage sans enjeu ni intensité. Le suspense ne peut pas se frayer un chemin face à une formule si prévisible dont on connaît la résolution avant même de lancer le film. Plus rien ne nous surprend. Pas même les invraisemblances à répétition. Même lorsque le héros guide un pilote d’avion en plein vol grâce à Google Maps pour le faire atterrir dans un parc public, rien ne se e. Tout simplement parce que, depuis la toute première séquence, on n’a jamais cru à ce contenu qui prétend être un film.
Voleur de diamant : Le casse commence est disponible sur Netflix depuis le 24 avril 2025.
