En 1997, Le Pic de Dante.
Film catastrophe réalisé par Terminator, Le Pic de Dante reste aujourd’hui une référence en matière de films de volcan. Pourtant, à sa sortie, les choses n’étaient pas gagnées. Ni le public ni la critique n’accueillirent le film avec enthousiasme, les deux lui préférant une ressortie du premier Star Wars ayant lieu la même semaine.
Le temps ayant é, il faut aujourd’hui reconnaître au Pic de Dante ses qualités : effets spéciaux réussis, suspens (très) efficace, scènes déchirantes (ou traumatisantes), et surtout... l’un des rôles les plus intéressants de Pierce Brosnan, qui obtenait de bien meilleurs résultats la même année en portant le smoking de 007. Le volcanologue Harry Dalton, contrairement à l’agent secret James Bond, est un personnage qui explore un tout autre type de virilité à l’américaine, presque construite en miroir de celle de l’espion de la reine. Au-delà de l’écriture du personnage au sein du film, c’est aussi ce qui le rend si intéressant au sein de la carrière de Brosnan.
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Volcanique-les tous
Avant de s’attarder sur le personnage d’Harry Dalton en particulier, il faut rappeler pourquoi, malgré l’accueil frisquet que le film a reçu à sa sortie, il s’agit en réalité d’un long-métrage très solide et particulièrement ionnant à revoir aujourd’hui. Premièrement, il faut lui reconnaître de faire autorité dans son domaine, tant la catastrophe volcanique a été peu utilisée au cinéma comme intrigue principale de films d’action. Le plus sérieux concurrent du Pic de Dante est en fait sans doute Volcano, réalisé par Mick Jackson et sorti la même année, avec Tommy Lee Jones et Anne Heche au casting. Ah, les années 90 et son avalanche de films-catastrophes aux trames toutes plus ou moins similaires, mais aux images parfois inoubliables...
Plus récemment, c’est le film Pompéi, réalisé par Paul W. S. Anderson et sorti en 2014 qui s’est frotté au sujet et s’y est, lui aussi, brûlé les ailes. Car le point commun entre ces trois films, hormis une éruption meurtrière au scénario, c’est leurs maigres résultats au box-office. À force de chauffer, il faut croire que les volcans se savent que faire des fours, et c’est sans doute pourquoi le cinéma leur préfère les tsunamis, les tremblements de terre ou les météorites.
Mais pour revenir spécifiquement au Pic de Dante, il faut souligner ses belles tentatives : les matte paintings certes complètement grillés, mais très esthétiques, une utilisation très propre et mesurée de CGI, et beaucoup d’effets en dur qui suffisent à en mettre plein la vue. Car ce Brosnan-movie offre du spectacle, et pas qu’un peu : l’explosion démentielle du volcan qui souffle tout sur son age, la coulée de lave qui traverse sans prévenir les murs de la maison, les pluies de cendres et les glissements de terrain qui barrent inlassablement la route aux héros... Et encore, s’il ne s’agissait que de scènes d’action !
Mais Le Pic de Dante marque aussi profondément par la brutalité de certaines séquences qui, contrairement à trop de blockbusters américains rechignant à bousculer leur public, font ressentir toute l’horreur d’une pareille catastrophe. À part le couple ébouillanté et la grand-mère sacrifiée, la séquence d’ouverture montre la fiancée de Dalton tragiquement tuée alors même que le spectateur pensait faire connaissance avec un personnage principal. Ici, pas de souvenir flottant et éthéré d’une mort sous-entendue en flashbacks pour construire le background du héros, non. Les choses sont montrées dans tout ce qu’elles ont d’arbitraire et de cruel.
Moins de fonds verts et plus de verdure dans le fond
Évidemment, le film n’échappe pas pour autant à tout un attirail d’artifices classiques des films d’action hollywoodiens, et bascule même parfois dans des incohérences assez pénibles. Par exemple, pourquoi Dalton, qui est censé être un scientifique super balèze, ne se souvient qu’une fois perché sur une coquille de noix au milieu du lac que l’activité volcanique change l’eau en acide ? Mais il est vain de se battre ici contre les facilités de scénario, qui sont évidemment nombreuses (remercions tout de même celles-ci d’avoir permis de sauver la vie du chien Roughy).
En revanche, ce qu’il est intéressant de voir, c’est la manière dont toutes les qualités et tous les vices de cette écriture semblent tendre vers un même point : faire de Dalton un héros, mais un héros cristallisant un idéal de virilité bien particulier et surtout très américain, à une époque où Brosnan était au contraire l’incarnation du séducteur britannique au permis de tuer.
Bienvenue à la foire aux pluies acides de Binouze-sur-Lave
De héros en héros
James Bond est un héros sans cesse renouvelé, toujours jeune et constamment à l’apogée de sa propre vie. Par définition, c’est un héros chez qui ne peuvent durer une backstory ou un traumatisme initial. Héros sans attaches, ses conquêtes sont remplacées comme des chaussettes de film en film, même entre deux films portés par un même acteur.
Il est l’idée même de fantasme (qu’on adhère à ce fantasme ou pas), incarné avant tout à travers ses performances idéalisées et le regard des autres sur lui. Avec un accent britannique que les Américains aiment à voir employé dans leurs films et séries fantastiques, comme s’il était le marqueur d’un autre monde plus merveilleux, James Bond est cette créature exotique jamais impactée par les limites du quotidien, et qui devient presque une idée, un rêve, plutôt que d’être un personnage. Et c’est tout ce que Pierce Brosnan aura parfaitement incarné à trois reprises.
James Bond, un héros mythologique et sa demoiselle en détresse
Harry Dalton, lui, s’il a aussi le visage, la voix et les manières de Pierce Brosnan, est en réalité un anti-James Bond. Comme une réponse américaine et terre-à-terre au fantasme anglais, Harry Dalton est on ne peut plus ancré dans le quotidien, et c’est au sein de ce même quotidien qu’il va devoir devenir un héros, là où Bond est héros par défaut. Dans la construction de ce personnage transparaît, au age, un questionnement sur cet autre type de virilité, bien loin de l’ultra-performance de 007.
Comme dans beaucoup de films catastrophes, le noyau émotionnel du Pic de Dante est l’histoire d’une famille éclatée : d’un côté, Harry a perdu sa fiancée dans des circonstances tragiques (son traumatisme initial), et de l’autre, Rachel et ses deux enfants ont été abandonnés par un mari lâche. L’enjeu intime au sein de la catastrophe sera de réunir ces morceaux cassés pour récréer une famille bien traditionnelle, avec un papa, une maman, des enfants et même un chien. Eh oui, c’est toujours la même chanson.
Harry Dalton, un héros moderne et sa demoiselle en détresse
Mais il est intéressant de voir que la virilité du personnage tient justement, ici, aux attaches qu’il se crée. En étant érigé en sauveur de cette famille, qu’il sauve aussi bien des coulées de lave que du terrible statut de mère célibataire avec enfants à charge, il endosse un idéal masculin que les États-Unis se sont particulièrement réapproprié à travers l’american dream. Harry est faillible, pas comme James Bond, mais Harry est humain. Il tombe amoureux et s’attache à des enfants qui ne sont pas les siens. Il est le héros qu’il faut prendre pour modèle, car il préserve celui de la société. Il n'est pas celui qui détourne de la réalité à travers le fantasme.
Avec sa Jeep et son couteau
S’il est pertinent de parler ici de virilité plutôt de simple rôle patriarcal, c’est parce que Harry est défini par sa lutte avec la nature, et aussi par son rapport à la technologie. Au début de film, Harry est celui qui comprend mieux que tout le monde la menace volcanique, mais qui n’est pas écouté par son entourage (alors qu’il avait évidemment raison, le bougre !). Sa légitimité, et donc son rôle d’homme solide, fiable, est questionnée. Au fur et à mesure du film, la mise en scène du déchaînement des éléments naturels devient un écho aux performances physiques et intellectuelles de Harry, toujours en lutte pour tenter de surer cette force démesurée et brutale de la nature qui le renvoie à son propre échec.
Mais le langage autour de la masculinité du personnage se manifeste aussi dans la mise en scène des appareils technologiques. Le robot qui permet d’explorer le cratère et qui ne fonctionne pas est à mettre en parallèle des voitures que Harry va conduire au moment de fuir l’explosion du volcan. D’une machine défaillante qu’il ne maîtrise pas, le héros en construction va er aux voitures qu’il conduit lui-même (alors que ce serait mille fois plus logique que ce soit Rachel qui conduise puisqu’elle connaît la ville) et qui deviennent une extension de son propre corps et de sa propre performance.
Rassurez-vous : le chien ne meurt pas
Le pot d’échappement en hauteur qui permet à la voiture de rouler dans l’eau, les pneus tout-terrains tellement tout-terrains qu’ils permettent de rouler sur la lave... Ces accessoires deviennent une métaphore de la maîtrise que Harry est en train de gagner, et du statut qu’il est en train de mériter. Ils sont ses réponses humaines à la force naturelle qui s’oppose à lui.
Harry fonctionne d’ailleurs avec diverses machines dès le début du film : des petits appareils de mesure à son téléphone portable, puis du robot jusqu’aux énormes jeeps, le héros communique puis survit à travers ces objets. Après tout, la seule supériorité de l’humain sur la nature est la technologie, et en tant que héros “moderne” (dans une certaine mesure), il s’en fait le garant. Et ce jusqu’à la toute fin, où il prendra tous les risques pour garder avec lui une balise de la NASA, celle-ci assurant le sauvetage de toute la petite famille coincée au fond d’une mine.
C’est peut-être le point sur lequel cet anti-James Bond du quotidien rencontre le vrai James Bond du fantasme : dans cette excroissance virile qu’est ici la technologie. Aspect encore plus vrai dans les années 90, où le progrès en la matière s'emballe, mi-effrayant et mi-grisant. La différence, c’est que là où James Bond sauve le monde, Harry Dalton ne sauve “que” sa nouvelle famille. Un rêve moins grandiose, mais plus réel, imaginé sur mesure pour un idéal américain ancré dans son époque.
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En fait le film est con comme une huître et le casting joue mal, Pierce Brosnan le premier.
Par contre niveau FX, c’est carrément bon la plupart du temps. Pas de cgis, que du pratique et ça reste impressionnant, par moment encore aujourd’hui. Mais bon, le coup du age en 4×4 au travers d’un lit de lave, comment dire ? Le pickup est en feu, les pneus sont en feu, mais tout va bien, personne ne cuit à l’intérieur, la bagnole n’explose pas, et on finit par er de l’autre côté comme si de rien n’était. Et tout est à l’avenant.
Roy Scheider, le requin. Pierce Brosnan, le volcan. On est quasi sur la même trame.
Pierce brosnan a incarné james bond a 4 reprises et pas 3.
cordialement.
Une des rares occasion de voir jouer Linda Hamilton. Ça a dû vieillir pas mal j’imagine, je l’ai vu bien 3,4x mais pas depuis longtemps. Sinon il y a Species et Cocktail du même réal qui sont des séries B qui se laisse regarder aussi.
Anecdote pourrie : mon prof d’histoire géo du collège était dingue de ce film du coup il voulait tout le temps nous er la VHS en fin d’année haha
C’est assez mauvais niveau histoire , mais les scènes de catastrophes sont super bien faites
Scenes cultes :
La meme qui pousse une barque dans un lac d’acide..
Le sceau d’eau lancé sur une maquette de barrage bon marché.
Un des pire film catastrophe jamais realisé mais un des plus drole.
La référence en film de volcan qui contrairement au ridicule volcano été plaisant à regarder .
Vu au cinéma et encore récemment il vieilli comme il faut
Excellent film catastrophe qui vieillit très bien. La belle époque des maquettes et effets réels, et de la CGI avec parcimonie…
Et en effet, l’intrigue et les personnages sont bien écrits, avec mention à la grand-mère.
On en fait plus des comme ça…
Je suis choqué. 4,9/10 sur sens critique
Ce film est tjrs efficace. Vu au cinoche, revue en DVD, j’aime tjrs autant ce film. La zic, les FX, les acteurs…