Films

Le film que tout le monde a voulu censurer : le scandaleux (et vraiment super) Happiness

Par Axelle Vacher
20 août 2024
MAJ : 27 novembre 2024

Si la provocation est un art, alors le transgressif Todd Solondz est un chef d’œuvre.

Si aujourd’hui le goût semble plutôt à la prudence et aux productions édulcorées, les salles obscures ont néanmoins connu leur joli lot de scandales et de controverses. La Grande Bouffe, Antichrist, Irréversible, Lolita et autres Salò ou les 120 journées de Sodome — pour n’en citer qu’une poignée — ont ainsi fait couler quelques litres d’encre et suscité tout un éventail de réactions plus ou moins virulentes. 

Dans le lot des récits délicats à produire et plus difficiles encore à distribuer, on retrouve notamment l’oeuvre de Todd Solondz, cinéaste toujours bienheureux de repousser les limites de son public. Avec Happiness, comédie sociale à l’humour plus noir que les cauchemars de Nadine Morano, le bougre braque un coup de projecteur sur une Amérique malade et interroge le spectateur sur son inconfort.

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Why so serious ?

Un violeur, une meurtrière, un harceleur sexuel et un pédophile entrent dans un bar. Il n’y a pas de chute, pas de trait d’esprit particulier. C’est qu’il ne s’agit là pas d’une introduction à une plaisanterie douteuse, mais plutôt d’une note d’intention pour Todd Solondz. Aussi, difficile d’être plus à propos sur le sujet que l’autrice Adrienne Boutang, laquelle écrivait en 2011 :

« Doté d’un flair sans pareil pour sélectionner les éléments les plus tabous de la société contemporaine, en faire les thèmes de ses films, et les traiter de manière à mettre à mal les repères du spectateur, oscillant entre le rire et le malaise, le cinéaste Todd Solondz traîne derrière lui une réputation de provocateur. »

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Et effectivement, fort d’un scénario incisif, d’un dispositif résolument voyeuriste, et surtout, d’un parterre de protagonistes dont le capital sympathie frôle le bas-fond des fosses des Mariannes, le cinéaste s'est appliqué à consciencieusement tourmenter son public. Que l’on ne s’y méprenne pas pour autant : l’idée n’est pas tant de proposer un spectacle fondamentalement abject, mais plutôt d’imposer un traitement sciemment transgressif aux obscénités dépeintes. 

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oliviou
oliviou
il y a 9 mois

Grand film du malaise, dont Roben Östlund est un héritier direct (en plus vulgaire et moqueur, à mon avis). Avec des performances d’acteurs incroyables. Personnellement j’y ai découvert Philip Seymour Hoffman (inoubliable séquence avec ses photos), ainsi que Dylan Baker (impossible de ne pas penser à son personnage par la suite, quel que soit le film dans lequel il joue). Et le tout début du film, totalement muet est une leçon de cinoche. Un simple champ / contre-champ sur un homme et une femme à table, et on comprend juste en les regardant qu’elle vient de lui annoncer qu’elle le quitte, et qu’il est désespéré, et qu’elle est désolée. Avant même que le premier mot soit prononcé. Brillant.