Comment un film de propagande anti-drogue a-t-il pu devenir une œuvre culte de la contre-culture ? Réponse avec Reefer Madness.
Dans la catégorie des comédies musicales rock qui jouent à fond sur l’érotisme et le sexe, il n’y a peut-être pas d’œuvre plus célèbre que le Rocky Horror Picture Showde Richard O’Brien. Sa stature – théâtrale et filmique – est si imposante que dans son ombre quelques pépites se cachent, attendant d’être découvertes par son public.
Parmi ces œuvres, outre le surprenant Reefer Madness, qui parle d'une jeunesse américaine en perdition à cause... Du cannabis. Une petite folie délurée et délicieusement camp, qui en plus d’être dans l’héritage direct des autres films susnommés, est l’adaptation moqueuse et sublimée d’un film de propagande anti-marijuana de 1938.
Comment cette production médiocre de l'entre deux guerre, qui aurait dû tomber dans l’oubli immédiatement après sa sortie, s’est-elle retrouvée revitalisée, transformée et immortalisée en chansons par des stars telles que Alan Cumming ?
"And that's what you missed on Glee!"
Le coin du (canna)Bis
Souvent listé par erreur avec une date de sortie en 1936, Reefer Madness est un film entouré de nombreuses légendes urbaines. Son premier titre officiel est Tell Your Children – il apparaît comme tel dans les cartons introductifs du film – , et il s’agit d’une production indépendante de George Hirliman, un adepte de la démarche « mieux vaut produire beaucoup de daubes que peu de chefs d’œuvres ».
Reefer Madness, tel qu’il sera renommé en 1940 pour sa tournée des circuits de salles indépendantes aux États-Unis, est effectivement dépourvu de la moindre qualité, qu’elles soient formelles, narratives ou thématiques. Il met en scène un principal de lycée qui raconte à une assemblée de parents d’élèves des faits divers qu’il a lu dans les journaux au sujet des dangers incomparables du cannabis sur la jeunesse.
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