Retour sur 10 scènes cultes absolument incontournables du trio David et Police Squad…
La mort de Jim Abrahams le 26 novembre 2024 a donné envie de se replonger dans le travail du trio ZAZ, formé par David et Jerry Zucker, et Jim Abrahams. Rois de la comédie, de la parodie, de la pastiche et de la malice, les trois artistes ont marqué à jamais le septième art avec des films mémorables, truffés de scènes magiques.
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, Police Squad, Top Secret, Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?… Personne n’a pu er à côté d’eux et leur extraordinaire mascotte Leslie Nielsen. Et comme le meilleur moyen de résumer leur extraordinaire travail est encore de le montrer, retour sur 10 scènes cultes (parmi des DIZAINES d’autres).
LA PUB POUR L’ANTI-MIGRAINE DE HAMBURGER FILM SANDWICH
- Sortie : 1977
- Durée : 1h23
ZAZ ont seulement écrit Hamburger Film Sandwich, réalisé par John Landis (Les Blues Brothers, Le Loup-garou de Londres), mais c’était une parfaite note d’intention de tout ce qui allait suivre. Connu sous le titre original de The Kentucky Fried Movie, ce film à sketches est un concentré de parodies en tous genres, comme un grand zapping.
Il y a beaucoup de scènes absolument géniales, mais comme il faut choisir, on va citer la fausse publicité pour Ronflex, un médicament miracle qui vous permettra de faire er la migraine, bien dormir, être détendu et reprendre des forces. Bon, il faudra vous remuer et vous tabasser pour vous réveiller tellement vous serez amorphe, mais ce n’est qu’un détail. Et en plus, c’est Jerry Zucker lui-même qui joue le monsieur.
LES GÉNÉRIQUES DE FIN DE POLICE SQUAD
- Sortie : 1982
- Durée : 6 épisodes de 24 minutes
Vieille tradition oubliée dans le monde des séries : mettre en pause la dernière scène de l’épisode pour s’arrêter sur le visage d’un acteur, et éventuellement faire défiler le générique de fin sur l’image. De Starsky & Hutch à CHiPs, c’était une norme. Et le trio ZAZ a merveilleusement détourné ce code dans la géniale série Police Squad, qui n’aura duré que six épisodes, diffusés en 1982.
Chaque épisode se termine ainsi par une… fausse pause, où les acteurs s’immobilisent pour faire croire que l’image est réellement arrêtée. Évidemment, ça ne fonctionne pas du tout puisque Leslie Nielsen et ses collègues n’arrivent pas à tenir la pose, et que divers éléments continuent à bouger : un café qui déborde, un personnage (humain ou non) qui ne comprend pas ce qui se e, ou tout simplement le décor qui commence à s’écrouler. Désolé, mais ceci est du génie.
LE PILOTAGE AUTOMATIQUE DE Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?
- Sortie : 1980
- Durée : 1h28
Tandis que le docteur décrit étape par étape l’agonie des agers ayant eu le malheur de manger du poisson, le pilote succombe aux mêmes symptômes. Il faut donc enclencher le pilote automatique… qui s’avère être une poupée gonflable en forme de pilote, dont le générique nous apprendra qu’elle s’appelle Otto. Le jeu de mots est gratiné, mais la tronche impayable d’Otto en rajoute dans l’absurdité.
Le gag, lui, est drôle. Mais le running gag est hilarant. A chaque fois que les personnages reviennent dans le cockpit, ce brave Otto est là, toujours avec une tronche différente. Son visage satisfait après s’être fait littéralement pomper hante tous les cauchemars, mais son visage le plus marrant reste celui du pilote blasé clope au bec. Pas besoin d’en rajouter, ce petit détail rend toute la scène glorieuse. À la fin, il partira de son côté avec l’appareil et une pilotesse automatique, car finalement, c’est un peu son film et beaucoup son avion.
LES GIFLES DANS Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?
- Sortie : 1980
- Durée : 1h28
Dans l’avion des fous de Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, il n’y a pas de place (absolument aucune) pour la normalité. C’est pourquoi, dès lors que l’une des agères commence à piquer une crise de nerfs bien justifiée, on est presque surpris qu’en face d’elle, une hôtesse tente de la calmer de manière rationnelle. Mais c’est avant que tous les agers de l’avion se relaient pour tenter de la “calmer” à leur tour, avec une gifle, puis deux, puis trois…
Là encore, le gag fonctionne par sa surenchère dans l’absurde, qui part d’une situation simple et identifiable, pour l’étirer de son côté le plus grand-guignol. Mention spéciale au moment où Leslie Nielsen, pourtant l’un des héros du film, en colle une à la pauvre agère ; et lorsqu’il est demandé au téléphone, semble en rajouter une juste pour le plaisir. On y verrait presque un commentaire sur tous les clichés ridicules qui tournent autour de la notion abusive d’hystérie féminine.
LA COMMUNICATION DANS Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’AVION ?
- Sortie : 1980
- Durée : 1h28
Là, on est sur du génie de l’utilisation de la langue anglaise. Dans cette scène de Y a-t-il un pilote dans l’avion, on a le capitaine Clarence Oveur et son co-pilote Roger Murdock, qui communiquent avec la tour de contrôle. Le problème : dans le monde de l’aviation, on dit « roger » pour dire « bien reçu », « Over » pour « à vous », et « clearance » signifie que la voie est libre. Roger Murdock pense donc que les autres l’appellent par son prénom, tandis que Clarence Oveur pense être interpellé par son nom de famille.
On parle d’une scène de 30 secondes à peine, qui se termine par « We have Clearance, Clarance » et « Roger roger ». C’est d’une simplicité formidable, qui témoigne du soin apporté à la moindre scène, et jusqu’au nom des personnages choisis pour construire les meilleures situations.
A noter qu’en version française, ils ont fait du mieux qu’ils pouvaient, avec le capitaine Havoux pour « à vous », et Victor pour « vecteur ».
LE DOUBLAGE FINNOIS DE TOP SECRET
- Sortie : 1984
- Durée : 1h30
Lorsqu’il est venu à la cinémathèque présenter Top Secret !, en ouverture de la rétrospective consacrée aux ZAZ, Alain Chabat ne s’est pas particulièrement étendu sur l’influence qu’a eue le trio sur les Nuls ou plus globalement sur la majeure partie de sa filmographie. En revanche, il s’est amusé à revenir sur les gags qui l’ont le plus fait rire, dont fait partie cette séquence lunaire où les personnages entrent dans une librairie finnoise.
Déjà, il y a la blague de la loupe (point bonus pour l’apparition de la légende de l’horreur Peter Cushing), mais ce n’est qu’un avant-goût de l’idée à la fois géniale et complètement con qui dirige la scène : le finnois, ça ressemble à des dialogues à l’envers, donc toute la scène se déroule… à l’envers. Elle a été tournée en plan séquence, ce qui veut dire que les acteurs ont dû tout jouer dans le sens inverse.
Sauf qu’on n’est pas chez Christopher Nolan, donc le but est de montrer l’effet juste assez pour faire rire. Idée dingue qui transparait dans le jeu, mais aussi dans le pay-off du gag, quand tout le monde « remonte » une barre. Incroyable.
LA BAGARRE DANS LE SALOON DE TOP SECRET
- Sortie : 1984
- Durée : 1h30
C’est l’une des séquences les plus connues du bijou Top Secret !. La scène de la bagarre de saloon aquatique est une leçon de surenchère comique à elle toute seule, et n’a pas besoin de la moindre réplique pour fonctionner. Le héros elvisien Nick Rivers tombe dans un lac en pleine castagne, mais qu’à cela ne tienne : on peut aussi distribuer des pains sous l’eau.
Plus la scène avance, plus tout devient absurde : les bruitages des coups deviennent secs comme à l’air libre, puis la caméra révèle une table, puis un bar, puis un barman, puis des joueurs de cartes… Le tout pour finir par recréer sous l’eau une bagarre typique de saloon façon western. Tout le génie de cette mise en scène est de ne jamais faire de plans larges, mais de toujours découvrir le décor surréaliste morceau par morceau, au fur et à mesure que les personnages s’envoient valdinguer par-ci par-là.
Evidemment, la chorégraphie de combat cartoonesque, avec Val Kilmer qui fait tournoyer son poing gauche pour finir par frapper avec le droit, ne gâche rien.
LE FAUX DÉPART DU TRAIN DANS TOP SECRET
- Sortie : 1984
- Durée : 1h30
Là aussi, les ZAZ réussissent le gag parfait, purement visuel et purement cinématographique. Toujours dans Top Secret !, le fameux et gominé Nick Rivers est assis dans un train qui s’apprête à partir, et regarde par la fenêtre. Le paysage de la gare commence à défiler dans le surcadrage de la fenêtre : ça y est, le train démarre. Sauf que non : avec un mouvement de caméra qui fait sortir du wagon et changer de perspective, littéralement, on comprend que le train n’a pas bougé et que c’est la gare (sur roulettes) qui est partie.
En quelques secondes et un seul plan, le film utilise toutes les cartes propres à la mise en scène : le surcadrage, le jeu entre les différents plans de l’image, la perspective, le mouvement dans le cadre puis le mouvement du cadre lui-même. De quoi faire frémir de plaisir Deleuze, qui en aurait pondu tout un chapitre sur l’image-mouvement.
Preuve de la réussite impeccable de cet effet absurde : la vision de la séquence peut donner un léger mal de tête, ce qui prouve à quel point le cerveau du spectateur est efficacement trompé par un gag pourtant si simple qu’on n’aurait même pas osé y penser.
LE POT-DE-VIN DANS Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LA REINE ?
- Sortie : 1989
- Durée : 1h25
Le titre VF Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? a évidemment été choisi pour renvoyer à Y a-t-il un pilote dans l’avion, mais c’est en réalité le début d’une nouvelle saga à part entière dans le monde de ZAZ : The Naked Gun, suite de la série Police Squad puisque Leslie Nielsen reprend son rôle de Frank Drebin.
Là encore, les titres VO sont merveilleux : après The Naked Gun: From the Files of Police Squad ! (Y a-t-il un flic pour sauver la reine ?), il y a eu The Naked Gun 2½ : The Smell of Fear (Y a-t-il un flic pour sauver le président ?), et The Naked Gun 33 1/3 : The Final Insult (Y a-t-il un flic pour sauver Hollywood ?).
Dans le premier épisode, il y a notamment ce moment formidable où Frank Drebin essaye de soutirer des infos à un malfrat, qui utilise la même tactique avec lui. La scène regorge de détails géniaux (le flic avec son haut-parleur, la scène du crime, le portefeuille), mais ce dialogue de sourd est merveilleux.
LA FUSILLADE DE Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LE PRÉSIDENT ?
- Sortie : 1991
- Durée : 1h38
Le génie de ZAZ réside dans cette manière de faire rire tout en réfléchissant le cinéma, pour satisfaire à la fois les zygomatiques (« mais qu’est-ce qu’ils sont cons ! ») et les neurones (« … ah mais c’est vrai que c’est pas con cette blague ! »). Il y a encore un parfait exemple dans Y a-t-il un flic pour sauver le président ? avec une scène de fusillade désopilante.
A priori, tout est normal. Les gentils et les méchants s’affrontent sur le toit d’un immeuble en pleine nuit, sur une musique trépidante. La caméra s’attarde sur les personnages qui se mettent à couvert pour se protéger, et tirer à intervalles réguliers. Jusqu’à ce qu’un plan plus large montre mieux l’espace, et révèle l’art du montage et du mensonge.
C’est d’autant plus drôle qu’en parallèle de ce minuscule duel à échelle de bac à sable, un personnage monte l’arme suprême en kit, et se retrouve finalement avec une espèce de char d’assaut. Ou comment orchestrer une irrésistible scène fusillade en une minute, tout en déconstruisant les outils cinématographiques du genre.
85minutes
Y a t.il un pilote dans l’avion, c est les 85 de scènes cultes.
Une de mes 1ere vhs que je suis offert avec mes sous des jobs d été
J’ai cliqué sur toutes les vidéos de cet article, je l’avoue.
L’intro de Y-a-t-il un flic pour sauver Hollywood est culte aussi !!
A noter que la VF a souvent surfé sur le succès de Y-a-t-il un pilote dans l’avion avec effectivement Y-a-t-il un flic puis aussi Y-a-t-il un exorciste pour sauver le monde (toujours avec Leslie Nielsen mais pas contre le film est assez mauvais).
Les génériques de fin de Police Squad, pure chef d’œuvre! Le singe complètement incontrôlable où l’on sent Leslie Nielsen pas trop sûr de la tournure des événements!
Don’t call me Shirley! Good Luck we re all counting on you! La séquence flash-back sur du Bee Gees, l’adieu à l’épouvantail dans Top Secret. Que du culte! Un régal pour ceux qui veulent apprendre la mise en scène!
Les génériques de fin de Police Squad c’est exceptionnel, d’autant qu’ils font jamais deux fois la même chose.
Que de souvenirs, aussi émus qu’hilares !
Perso ma découverte de « Y a-t-il un Flic pour sauver la Reine ? » a été une expérience très douloureuse : en effet je l’avais visionné sur le poste de télé de ma chambre d’hôpital, alors que je venais de me faire opérer de l’apendicite, et rire me faisait terriblement mal au ventre ; c’est dire si j’ai souffert…