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Tim Burton : on a classé tous ses films, du pire au meilleur

Par La rédac
11 avril 2025
© Canva Warner, Paramount

Tim Burton, le réalisateur le plus gothique d’Hollywood ?

Tim Burton est le paradoxe hollywoodien des années 90 : reconnu pour son caractère de marginal et ses films étranges, il est devenu la coqueluche du système au sein duquel il se sentait étranger, un peu à la manière de son très autobiographique Edward aux Mains d’Argent. Enchaînant les films devenus cultes et identifiables grâce à leur esthétique souvent noire et merveilleuse, Burton perdit de sa superbe au début des années 2000, lorsque son originalité devint une marque de fabrique avec, finalement, plus grand-chose d’original.

Débauché un temps par Disney pour qui il commit Alice aux Pays des Merveilles et Dumbo, le réalisateur semblait avoir définitivement la main. Mais en revenant d’entre les morts avec le très attendu Beetlejuice Beetlejuice, il a prouvé qu’il en a peut-être encore sous la pédale. L’occasion rêvée pour essayer de classer tous ses films, du moins bon au meilleur (selon une moyenne qui nous fait autant de mal qu’à vous).

"Ah ouais, ça c'est un sacré classement !"

20. Alice au pays des merveilles

  • Sortie : 2010
  • Durée : 1h48
"Mes yeux, mes yeeeeeeeux !"

Alice au pays des merveilles est à Tim Burton ce que Hook est à Steven Spielberg : une adaptation évidente pour leur auteur respectif, ancrée dans leur imaginaire, qui se transforme en déception inévitable.  

Peut-être attendait-on trop de cette incursion du cinéaste dans l’univers de Lewis Carroll, piégée dès son introduction dans un entre-deux bâtard. Techniquement, cet Alice rempli à ras-bord de fonds verts numériques dessert le style habituel de Burton, qui s’est tant démarqué par le grain de la pellicule 35mm et la texture de ses effets pratiques. Non pas que les VFX soient en eux-mêmes une mauvaise chose, mais encore faut-il embrasser leurs possibilités.  

Là où des réalisateurs comme Stephen Chow ont joué d’un irréalisme volontaire de leurs effets visuels pour tordre les corps et les transformer, Burton se contente de quelques panoramas peu inspirés et de quelques têtes gonflées. Dans ce manque profond de folie, la quête initiatique psychédélique d’Alice devient une bête aventure de fantasy avec supplément dragon et armure. Quel dommage... 

19. DUMBO

  • Sortie : 2019
  • Durée : 1h52
Ok il est mignon, mais encore heureux !

A un moment, on pouvait encore croire que les remakes en prises de vues réelles de Disney pouvaient avoir un intérêt artistique s'ils étaient mis entre de bonnes mains, ou a minima des mains bien identifiées. Mais le Aladdin "de" Guy Ritchie, le Mulan "de" Niki Caro, le Pinocchio "de" Robert Zemeckis ou encore le Peter Pan et Wendy "de" David Lowery ont vite fait déchanter, et comprendre que l'échec du Dumbo réalisé par Tim Burton était symptomatique d'un problème de fond, et non un accident isolé.

Dans le Dumbo de 2019, il ne reste que quelques miettes de Tim Burton qui se balladent à l'écran, alors même que la promesse de le voir réinvestir l'imaginaire grandiose du cirque était plutôt alléchante après son beau travail sur Big Fish (avec déjà Danny DeVito en piste et veston rouge). Tout est plat et ennuyeux, sans magie, sans l'émerveillement ni l'émotion légitimement attendus.

Un film qui ne trompe personne (comme ce jeu de mots)

Premier aveu d'échec de cette rédaptation du Classique de 1941 : les humains, partout. Entre le gentil papa anémique de Colin Farrell, les enfants que le scénario tente péniblement d'occuper, la trapéziste française d'Eva Green, le méchant propriétaire de Michael Keaton et tout le reste de la troupe, Dumbo est évincé de sa propre histoire. Mais ce n'est pas non plus comme si les autres personnages étaient particulièrement creusé ou intéressants...

18. CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE

  • Sortie : 2016
  • Durée : 2h07
Notre réaction : celle de la gamine au milieu

C'est moins perceptible en , mais aux Etats-Unis, la première adaptation de Charlie et la chocolaterie est un monument culturel, au point ou la scène de "gonflement" de Violette a inspirée à elle seule un fétiche (vérifiez cette information à vos risques et périls). Quoi de plus logique que de confier une nouvelle version à Tim Burton, d'autant que le court roman de Roald Dahl, tour à tour merveilleux et grotesque, semblait parfaitement adapté au style du metteur en scène ?

C'est sans compter sur le fait qu'il vient d'entrer dans sa période rétinophobe. S'il n'a pas encore poussé le vice jusqu'à tapisser les studios de fonds verts et défiler fièrement dans la vallée de l'étrange numérique, il confond ici émerveillement et guimauve, magie sucrée et chamallow dégoulinant. Certes, c'est le thème. Mais le glucose dans les yeux, c'est douloureux, a fortiori lorsqu'il est appliqué au Karsher.

Pose ce logiciel de prévis', Tim

Une fois la choucroute melba digérée (ou régurgitée), restent le one-man-show habituel de Johnny Depp, ainsi qu'une adaptation pas très intéressante d'un classique absolu de la littérature jeunesse, qui n'altère aucune de ses caractéristiques (y compris le problème Oompa Loompa) et se contente d'ajouts inutiles (le é de Willy Wonka). Décidément, ce brave Roald Dahl est la bête noire des grands cinéastes hollywoodiens, de Spielberg à Zemeckis. Qui l'eût cru ?

17. MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS

  • Sortie : 2016
  • Durée : 2h07
Enième histoire pour ado qui rêve d'avoir des pouvoirs et des amis originaux

Après avoir inauguré la venue de sa nouvelle muse dans son univers avec Dark Shadows (et avoir casé un Frankenweenie et un Big Eyes entre-temps), Tim Burton offre un rôle principal à Eva Green dans Miss Peregrine et les Enfants particuliers. Il fallait bien que le réalisateur (au fonctionnement parfois un peu ringard) rencontre l’actrice perçue comme la nouvelle vamp gothique d’Hollywood. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le mariage des deux n’a pas fait des étincelles...

Tiré du roman de fantasy du même titre, écrit par Ransom Riggs et paru en 2011, Miss Peregrine n’est peut-être pas le pire de Burton (pas loin, quand même), mais est peut-être son film qui fait le plus de peine à voir. Nouvelle preuve (s’il y en avait besoin) que le réalisateur est incapable d’utiliser correctement le numérique et de mettre en scène des séquences d’action vaguement acceptables, le film est aussi plombé par les références qui prennent trop de place. On pense notamment à l’armée de squelettes tout droit venue des soldats morts-vivants créés par Ray Harryhausen dans Jason et les Argonautes.

Quand la future star de Sex Education rencontrait la future star de Fallout

On avait compris, Tim, que tu avais de belles références. Mais les écraser toujours plus à la face du spectateur pour l’empêcher de voir que tu ne sais pas quoi faire de ton film, au bout d’un moment, ça ne marche plus. Bref, ez votre chemin, Miss Peregrine n’a pas grand-chose à proposer, pas même un désastre assez spectaculaire pour valoir votre curiosité. Un bon point pour la présence au casting des très bons Asa Butterfield et Ella Purnell (ici, blonde diaphane de service, puisqu’il en faut une dans chaque Burton). 

16. Dark Shadows

  • Sortie : 2012
  • Durée : 1h52
Pâle copie ?

Quand Tim Burton revient sur des œuvres de son enfance pour les faire sienne, on peut au moins s’attendre à une certaine tendresse, voire une introspection autour de ses propres inspirations. Dans un premier temps, on a envie d’aimer Dark Shadows, réadaptation d’une série télé des années 60, où un vampire longtemps endormi rencontre ses descendants dans le présent.

Avec sa production design soignée, le mix improbable entre le gothique et le look disco des seventies, et sa galerie d’acteurs qui s’en donne à cœur joie (mention spéciale à Eva Green en sorcière nymphomane), on s’attend à une parodie volontairement désuète, mais surtout à un hommage de l’artisanat de série B qui a tant nourri le cinéaste.

...

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robindesbois
robindesbois
il y a 1 mois

Mon top 5

1. Edward aux mains d’argent
2. Ed Wood (hésité à le mettre ex aequo avec Edward)
3. Batman
4. Batman le défi
5. Sleepy Hollow

Franken
Franken
Abonné
il y a 1 mois

J’adore Edward, mais tout Ed Wood me sidère par sa maîtrise à chaque fois.
Le cinéma de Tim Burton ne pouvait pas survivre à son embourgeoisement.
La Planète des Singes a été la capitulation, Big Fish la résignation définitive. Ce qui suit est anecdotique.
Aujourd’hui ne subsiste que la rémanence d’une originalité.

naughtysoft
naughtysoft
il y a 1 mois

Quelqu’un peut me mettre le classement complet en commentaires ? Je peux pas le voir, je ne suis pas abonné. Merci

mcinephilly
mcinephilly
il y a 3 mois

Plutôt en phase avec ce classement, et ravie de voir Mars Attacks si haut placé !

wellwellwelles2
wellwellwelles2
Abonné
il y a 3 mois

Perso je met Ed Wood en 1 mais je suis d’accord que ses deux « Eddie » sont les meilleurs. Je n’aime pas b Big Fish que je trouve matérialiste et bien-pensant (un comble pour ce réal). Son dernier bon film pour moi reste Sleepy Hollow.

juju0794
juju0794
Abonné
il y a 4 mois

Je suis déçu de dire que je n’ai jamais vu Ed Wood et que j’ai vu Edward aux mains d’argent il y a bien trop longtemps. Batman le défi est mon préféré avec Sleepy Hollow et Big Fish qui suivent.

didier-d
didier-d
Abonné
il y a 4 mois

J’aime beaucoup le cinéma de Tim Burton, je trouve cependant que son dernier bon fim est Sleepy Hollow :

Mon top 3 :

1 – Batman Returns
2 – Mars Attacks !
3 – Sleepy Hollow

Sanchez
Sanchez
il y a 4 mois

Pour moi c’est bien jusqu’à big fish. Batman reste mon préféré de tous.

Sinople
Sinople
il y a 4 mois

De tout ce qu’on peut penser de Tim Burton (avec quand même, pour ma part, un gros penchant positif) il y a un immense paradoxe dans toute son œuvre qui est cristallisé à mes yeux dans Sweeney Todd : après un début émaillé (éraillé) par un atroce « Johana » à faire saigner les tympans, il y a cette ultime séquence finale vénéneuse et funèbre, d’une beauté renversante qui est presque le sommet de son esthétisme gothique. Le plus laid et le sublime unis dans un même élan qui rappelle dans une moindre mesure le très attachant et funèbre quoiqu’imparfait Sleepy Hollow.

Berlingo
Berlingo
il y a 6 mois

Plutôt d’accord avec les 6 premiers du classement… ensuite ça se gâte : mettre Les Noces Funèbres seulement en 12ème ?!!? Et puis Big Fish aussi haut, un truc m’échappe. Et où est le monument Mr Jack??? Oui, on sait que Burton n’est pas le réalisateur officiel. Mais y a prescription maintenant!
Sinon, on est d’accord, notre Tim chéri s’est perdu avec ses films Disney… Mais Sweeney Todd et Beetlejuice 2 font renaître par moments des éclairs du génie, ce qui me fait croire qu’il va bientôt nous refaire un chef d’oeuvre!