Doug Liman, a failli être un énorme accident industriel. Le scénariste revient sur les coulisses du film avec Matt Damon.
Avant de devenir une franchise d’action culte, la saga Jason Bourne a connu une production chaotique dès sa naissance. En 2002, La Mémoire dans la peau a certes révélé le personnage incarné par Tony Gilroy est revenu sur cette affaire dans une récente interview.
À ses yeux, le premier opus de la saga Jason Bourne est un miracle. Adapté du roman éponyme de Robert Ludlum, La Mémoire dans la peau suivait les mésaventures de son héros amnésique dans une fuite désespérée, tandis qu’un piège mortel se refermait autour de lui. Réalisé par Doug Liman (Edge of Tomorrow, Jumper, Mr. et Mrs. Smith) et co-écrit par Tony Gilroy, le film était apparemment destiné à se planter… jusqu’à ce que des circonstances malencontreuses le sauvent in extremis.
Jason Bourne face au désastre
C’est dans une interview avec Letterboxd que Tony Gilroy est revenu sur les coulisses de La Mémoire dans la peau :
« C’était un désastre absolu. Et puis le 11 septembre a sauvé le film. Parce qu’il a été repoussé, mis à l’arrêt, la pression est retombée. (…) C’était une montagne russe d’emmerdes qui s’est transformée en succès. C’est vraiment incroyable. Parce qu’avec tous ces ressentiments, et désaccords, et drames… Comme je l’ai dit, c’est le succès le plus chaotique de Hollywood auquel je puisse penser. »
C’est de notoriété publique : les relations entre le réalisateur Doug Liman, Tony Gilroy et les producteurs ont été compliquées. Le budget de 60 millions de dollars aurait gonflé, le scénario aurait été réécrit durant le tournage, les retards se seraient accumulés, et la date de sortie a finalement été repoussée de septembre 2001 à juin 2002.
La fin a notamment posé de nombreux problèmes, entre les débats sur les scènes autour de la ferme jugées trop plates, et des séquences finales d’action et d’explosion à Paris finalement coupées.
En plus de tout le reste, Tony Gilroy et Matt Damon étaient en désaccord au sujet du scénario avec Universal. Et à cette cadence, le scénariste ne voyait pas comment les choses pouvaient bien se terminer. Finalement, c’est bien parce que le réalisateur et son scénariste ont pu gagner plus de temps (par un coup du sort) qu’ils ont été capables d’accoucher de la version finale du film qu’ils désiraient.
La réussite dans la peau
Le renversement de tendance a été si favorable que La Mémoire dans la peau serait encore maintenant le meilleur opus de la franchise. Du moins, c’est l’opinion de Tony Gilroy… qui a pourtant écrit La Mort dans la peau et La Vengeance dans la peau, et réalisé Jason Bourne : L’héritage avec Jeremy Renner.
« Ça me fait mal de l’ettre, mais le premier est probablement le meilleur. Vraiment. Il a un style, une saveur à part. Qu’est-ce que c’est ? C’est unique. J’aimerais pouvoir dire que c’était intentionnel, mais c’est arrivé et c’est merveilleux. Peu importe comment c’est arrivé, c’est arrivé. »

Voilà bien un cas à part et en même temps éloquent. Bien évidemment, La Mémoire dans la peau est une anomalie, car dans la plupart des cas, les films souffrant de retards dans leur tournage et de réécritures en chaîne finissent par s’effondrer sur eux-mêmes. On a l’a vu même ces dernières années (The Flash est un bon exemple). Malgré tout, le succès surprise du premier Jason Bourne, qui a encaissé plus de 214 millions au box-office, rappelle que le sauvetage d’un film tient parfois au respect de ses artisans et de leurs conditions de travail.
Reste maintenant à voir où ira la saga. Après 23 ans de bons et loyaux services chez Universal, l’espion a été remis en vente par WME, les ayants droits de Robert Ludlum gérés côté cinéma par le studio Captivate Entertainment. L’objectif : trouver un nouveau studio, relancer la franchise, et produire rapidement de nouvelles adaptations.
Article qui montre bien que l’industrie hollywoodienne est une jungle où les vrais créateurs et raconteurs d’histoires doivent se battre quotidiennement contre les décideurs qui amènent l’argent. L’usine à rêves ne fait plus vraiment rêver !
« le 11 septembre a sauvé le film »
Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres. J’ai vraiment hâte de savoir quels films ont été sauvés par le 13 novembre et le 7 octobre.
Je dois avouer que je suis assez d’accord avec Gilroy : je trouve le premier meilleur que les 2 suivants (qui sont excellents aussi, je ne dénigre pas).
je trouve que Liman a réussi à apporter une shaky Cam plus lisible que celle de Paul Greengrass (pareil, loin de moi l’idée de dire que c’est pas bon, je la trouve juste plus
secouée).
Le tout est contrasté par des moments posés et le script, bien que retapé durant la prod, est équilibré. Le 2 est très bien écrit (on sent qu’ils ont vraiment bossé dessus) là où c’est le « point faible » du 3 (le tournage avait commencer sans script fini, quel enfer !).
franchement, la mémoire dans la peau reste mon préféré !