À l’occasion du succès de Metaphor : ReFantazio, on fait le bilan de son studio Atlus, qui a décidément fait un sans-faute en 2024.
Cette année, l’ancestrale firme Sega s’est illustrée avec la sortie de quelques excellents titres comme le nouveau venu de la saga Yakuza : Like a Dragon Infinite Wealth. Mais l’une de ses plus grandes réussites récentes réside décidément dans sa relation fructueuse avec Atlus, l’un des plus studios les plus cultes de l’industrie japonaise. Même si ses franchises se popularisent seulement depuis peu en occident, Atlus n’est rien de moins que l’un des fondateurs du genre du J-RPG tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Un an après l’iconique Dragon Quest, en 1986, Atlus sortait le premier Megami Tensei (quelques mois avant le premier Final Fantasy !) qui ouvrira la voie à leur saga la plus légendaire. C’est de celle-ci que naîtra la licence Persona, dont les titres exploseront ensuite peu à peu de notre côté du globe. C’est notamment Persona 5, en 2016, qui va asseoir pour de bon la renommée de la compagnie chez le public occidental. Ainsi, en décembre 2023, le jeu dée les 10 millions d’exemplaires vendus. Un record symbolique pour le studio et un préambule à son incroyable ascension de cette année.

Atlus : l’audace au service du jeu
Ce qui fait l’ADN d’Atlus, c’est avant tout son goût du risque. C’est en effet un studio capable de s’aventurer dans tous les genres et sur tous les tons. Loin de ne se satisfaire que d’une seule formule (même si elle a quand même quelques recettes préférées) la firme nippone aime se renouveler, mais aussi, et surtout, se démarquer. Que ce soit par la maturité de ses histoires, la modernité de ses sujets ou le génie de ses directions artistiques, Atlus parvient à toujours surprendre ses joueurs en allant à contre-courant des autres J-RPG qui l’entourent.
Final Fantasy abandonne le tour par tour ? Metaphor va le perfectionner. La science-fiction ne trouve pas sa place chez les RPG de Nintendo ou Square Enix ? Atlus va éditer un sommet du genre avec 13 Sentinels: Aegis Rim (développé par Vanillaware). Sans compter le fait que les jeux de la firme sont généralement caractérisés par des discours sociétaux ou politiques souvent très pertinents. Et pas seulement cachés derrière des sous-textes ou d’allégories. Contrairement à beaucoup d’autres, Atlus ne prend pas de gants.

Avec Persona 5, par exemple, le studio abordait très frontalement divers sujets brûlants comme le détournement de mineur, la corruption de la police et de la justice ou le plagiat. Avec Catherine, on se penche davantage sur des questions de mœurs : le jeu évoque l’adultère et la fuite des responsabilités à l’âge adulte. Et que dire de Metaphor qui vient de sortir ? On saurait difficilement par où commencer tant il y a, en effet, à dire.
Mais ici n’est pas encore venu le temps d’approfondir le sujet. Retenons simplement qu’Atlus est un studio et éditeur audacieux qui n’a jamais cessé de prendre des risques, tout en misant sur des équipes talentueuses. Aujourd’hui, la vision de la compagnie paye plus que jamais et c’est plus que réjouissant de le noter. En effet, 2024 est une année pivot pour la firme.

Une année triomphale
Le 1er février 2024, Atlus a d’abord sorti l’ambitieux remake de l’un de ses les plus cultes : Persona 3 Reload. Après le succès grandissant de Persona 5, qui a ouvert les portes de la saga à un nouveau public, il était logique que le studio saisisse l’occasion et remette à neuf l’un de ses meilleurs opus. Persona 3 Reload était donc très attendu, à la fois des fans de la première heure et des nouveaux venus. Et il n’a pas manqué sa cible, aussi large fût-elle.
Le remake a reçu la moyenne de 87/100 de la part de la presse sur Metacritic et 8,6/10 de la part des joueurs. En écoulant plus d’un million d’exemplaires en seulement une semaine, Persona 3 Reload est soudain devenu le jeu le plus rapidement vendu de l’histoire d’Atlus ! Une première victoire qui démarrait l’année en beauté.
Le magnifique jeu tactique de Vanillaware (13 Sentinels, Dragon’s Crown) intitulé Unicorn Overlord a débarqué ce 8 mars 2024, sous l’égide d’Atlus également. On parle là d’un titre bien plus niche, mais à la direction artistique sublime (typique du studio) et au gameplay à la pointe de ce que recherche les amateurs du genre. On a ici un score de 86/100 sur Metacritic et 500 000 copies vendues en 1 mois.
C’est est évidemment moins impressionnant que pour pour Persona 3, mais reste une excellente surprise pour le titre de Vanillaware, à son échelle. En septembre dernier, il aura même réussi à atteindre le cap symbolique du million de ventes. Entre temps, la sortie de Shin Megami Tensei 5: Vengeance (le 13 juin 2024) ne sera pas non plus é inaperçu. La plus emblématique franchise d’Atlus n’a pas démérité avec une réédition largement appréciée (score de 87/100 sur Metacritic) et 500 000 exemplaires écoulés en trois jours.

Metaphor : la consécration
Sur ces trois titres édités cette année, Atlus est resté extrêmement constant, que ce soit au niveau des ventes (toujours à la hauteur des objectifs des jeux) qu’au niveau des notes de la presse. Si le studio nippon s’était arrêté là, on aurait déjà pu l’applaudir chaleureusement. Mais c’était sans compter son véritable joyau de 2024. Tous ces jolis succès ne pavaient finalement la voie que vers le couronnement. Le projet d’Atlus développé depuis 8 ans et qui succède au géant Persona 5 : c’est donc évidemment Metaphor : Refantazio, sorti le 11 octobre, dont on parle ici.
Malgré les risques inhérents au lancement d’une nouvelle IP dans un marché dominé par des franchises établies, Metaphor : Refantazio a ainsi réussi l’exploit de s’imposer auprès du public ainsi que de connaître, en une seule journée, le meilleur démarrage de l’histoire d’Atlus (battant donc le frais record de Persona 3 Reload). Autre performance : durant son premier week-end, Metaphor est aussi devenu le J-RPG solo avec la fréquentation la plus élevée de l’entièreté de Steam. Rien que ça.

Le secret de la réussite : une démo extrêmement généreuse et l’obstination du studio à croire en ce qu’il produit. Au lieu de suivre une étude de marché ou de chercher à plaire aux tendances actuelles, Atlus propose avec Metaphor une lettre d’amour à la création et aux plus envoûtantes aventures du jeu vidéo. Ainsi, le succès n’est pas seulement commercial : les critiques saluent la richesse de son univers, l’originalité de son gameplay, et sa capacité à captiver à la fois les fans des anciens titres d’Atlus et les nouveaux venus.
Le studio japonais termine donc 2024 sous le feu amplement mérité des projecteurs. Après des dizaines d’années à construire des univers des RPG à la marge du genre, Atlus s’impose désormais comme l’un des studios les plus inspirants du temps présent et l’un des éditeurs les plus courageux. On a désormais qu’une hâte : voir vers où la compagnie va se diriger… et retourner jouer à Metaphor.