Squid Game condamnée à décevoir ?
Hwang Dong-hyeok aurait-il perdu à chifoumi contre Ted Sarandos ? S’il n’est pas rare que des suites soient lancées par pur appât du gain, il est beaucoup moins fréquent d’entendre leur créateur l’avouer avec une sincérité désarmante. Celui-ci s’étant largement épanché sur son épuisement et ses difficultés à se renouveler, cette deuxième ration de Squid Game ressemble autant à un carton assuré qu’à un cadeau empoisonné.
Mais Netflix a gavé le cochon-tirelire (le budget est é de 20 à 100 millions de dollars) pour faire renaître celle qui demeure aujourd’hui encore la série la plus vue de son histoire. Pire : de nouveaux tentacules lui poussent dans tous les sens avec une téléréalité, deux saisons tournées en simultanée, un dérivé en langue anglaise signé David Fincher… avec le risque d’asphyxier son caractère événementiel.

Squid Game explore désormais la quête vengeresse de Gi-Hun, unique survivant de la première édition. On le retrouve deux ans plus tard, délesté de toute fantaisie capillaire et paré d’une gravité nouvelle. Lee Jung-jae excelle en chasseur désabusé : cette fois, c’est lui qui a l’initiative. Il tente désespérément de débusquer le recruteur et sa mallette dans le métro de Séoul, ce qui revient à chercher un sanctuaire souterrain de Tears of the Kingdom avec un radar défectueux.
En parallèle, le policier Hwang Jun-ho a bénéficié de la règle d’airain fictionnelle stipulant qu’une balle dans le corps et une chute dans l’eau garantissent la survie. Pour les deux hommes, les premiers épisodes, qui prennent le temps de placer leurs pions, s’inscrivent sous le signe du stress post-traumatique, entre blessures physiques et psychologiques, questions en suspens et désir de revanche.

Du jus de Saw VII
Mais il nous tarde que la partie proprement dite commence, car l’un des principaux attraits de Squid Game tient au dévoiement de l’univers enfantin. Le premier épisode nous allèche avec deux parties de pierre, papier, ciseau revisitées façon Saw, aux mécaniques habiles et aux résolutions déchirantes.
Les nouveaux jeux proposés sont plutôt efficaces, avec une mention spéciale au tourniquet si propice aux dilemmes. Le cultissime Un, deux, trois, soleil est quant à lui de retour, mais son déroulé joue avec nos attentes et les connaissances préalables du héros.
Pour mesurer la force de frappe de la franchise, il suffira de constater à la rentrée si ces inédits pénètrent les cours de récréation françaises comme leurs prédécesseurs. Ce qui est certain, c’est que la composition libre d’équipes du pentathlon provoquera quelques suées aux nombreux traumatisés de l’enseignement de l’EPS.

Les jeux fonctionnent parce que les nouveaux personnages sont suffisamment attachants ou repoussants : un arnaqueur harcelé, une allumée mystique, un rappeur fan du meilleur méchant du MCU… Certes, ils restent généralement stéréotypés et cantonnés à un unique trait de caractère, mais leurs interactions (une mère et son fils…) exhaussent le sadisme des choix qui leur incombent.
C’est plutôt du côté du héros que cette suite étire dangereusement la suspension d’incrédulité. Les scénaristes doivent continuer à justifier sa survie tout en préservant son intégrité morale, deux facteurs difficilement conciliables dans un contexte présenté comme violent et impitoyable. Difficile de ne pas présumer que Gi-Hun dispose d’un totem d’immunité au moins temporaire, et tant pis si ça e par quelques grosses ficelles et facilités diverses.

Toujours pertinent… mais redondant
Cette seconde saison explore les angles morts de son univers et confère au mystérieux recruteur son heure de gloire. En réservant à certains nouveaux venus une trajectoire inattendue, elle pointe l’humain derrière la machine, le tortionnaire auquel l’apparente implacabilité technologique sert de caution. Dans ce système d’oppression pyramidal, les gardes font office de kapos capitalistes.
Squid Game étoffe sa meilleure idée en laissant la possibilité aux participants de partir après chaque jeu avec la cagnotte… si la majorité le souhaite. Certes, le déroulé des votes est un peu trop programmatique, mais cette manière de mettre en relief les carcans sous-jacents qui encorsettent les destinées individuelles reste habile.

Toutefois, si le propos est judicieusement souligné, Squid Game n’a-t-elle pas déjà épuisé ce qu’elle avait à dire ? Insérer des problématiques contemporaines (transidendité, cryptomonnaie) ou confronter le héros à de jeunes générations arrogantes, promptes à réduire le lanceur d’alerte en boomer, ne suffit pas à enrichir la démonstration.
Parmi quelques clins d’œil pop culturels faciles, la série a tort de brandir Matrix, car la trilogie des Wachowski (qui avait également développé ses deuxième et troisième opus de front) réussissait précisément là où elle échoue. Matrix Reloaded osait heurter son public en revisitant de fond en comble les certitudes présumées du premier film et en éparpillant le mythe de l’élu façon puzzle.
Pour sa part, Squid Game se repose sur ses acquis, et si l’ensemble fonctionne d’un point de vue ludique, elle ne pourra éternellement dissimuler qu’elle tourne à vide. Avec une petite poignée de jeux inédits seulement et les prémisses d’une révolution assez balisée, cette salve d’épisodes laisse en bouche le goût d’une saison de transition en attendant la fin d’ici quelques mois, peut-être en décembre 2025…
La deuxième saison de Squid Game est disponible sur Netflix depuis le 26 janvier

J’ai bien aimé globalement sauf que lorsque je lis que le budget a bondit de 20 a 100millions, j’ai pas trouvé qu’il y’avait une somme de décors ou effets augmenté façon saison 1 par ex j’attendais un jeu de la corde en hauteur et puis non sinon c’est archi distrayant impossible de pas lancer l’épisode suivant c’est addictif et ça m’arrive très rarement
Mouais, la saison 2 ne se contente pas de reprendre les codes établis par son prédécesseur : elle les déconstruit, les amplifie, puis les subvertit dans une tentative presque désespérée de déer les frontières de sa propre architecture narrative. Pourtant, cette surenchère pose une question fondamentale : peut-on réellement critiquer le capitalisme tout en devenant son produit le plus emblématique ?
Le cadre ludique des jeux, désormais saturé de significations, cesse d’être simplement un miroir déformant de la société pour devenir une métaphore fractale du contrôle systémique. La violence n’est plus un outil de dénonciation, mais un langage en soi, une grammaire de l’asservissement où chaque joueur, chaque action, est à la fois un agent de sa propre destruction et un rouage dans une mécanique implacable. Ici, Hwang Dang-hyuk ne raconte pas simplement une histoire : il construit une fable méta-textuelle où les personnages ne vivent plus que dans la temporalité du spectacle, condamnés à rejouer éternellement leur rôle pour le plaisir d’un œil omniprésent – celui du spectateur, complice malgré lui.
Mais ce qui pouvait er pour une critique incisive dans la première saison bascule ici dans une forme d’autoréférentialité suffocante. Les nouvelles épreuves, à la fois plus brutales et plus élaborées, ne révèlent pas tant la nature humaine que l’épuisement du récit lui-même. Gi-hun, figure centrale de cette tragédie moderne, se métamorphose en une sorte de Sisyphe dystopique, condamné à un cycle sans fin de luttes vaines et d’illusions de liberté. Pourtant, cette quête, ostensiblement rédemptrice, flirte avec une vacuité qui rappelle l’ime idéologique d’un système qui recycle même ses oppositions pour en faire des objets de désir.
Pour un site comme Écran Large, où l’analyse se veut autant une dissection qu’un décryptage, cette saison 2 soulève une interrogation majeure : Squid Game est-il encore un outil de critique sociale, ou bien le jouet le plus perfectionné de l’économie attentionnelle qu’il prétend fustiger ? Le malaise que suscite cette saison ne vient pas tant de sa violence ou de son nihilisme, mais de sa conscience de soi presque inable : une œuvre piégée dans son propre labyrinthe méta-culturel, où le spectateur devient à la fois bourreau, victime et voyeur. Peut-être que la véritable tragédie de Squid Game réside là : non pas dans ses personnages condamnés, mais dans son incapacité à s’échapper de l’enclos conceptuel qu’elle a elle-même construit.
Nan?
J’ai bien aimé les deux premiers épisodes, puis ça se gâte avec le troisième quand il entre dans le jeu, cet épisode est interminable, entre le jeu de 1,2,3 soleil qu’on connait déjà et un vote qui traine inutilement en longueur vu qu’on connait le résultat dès le début (sinon il y aurait que 3 épisodes). Pas top pour le moment. Mais bon j’était déjà mitigé sur la première saison.
La nouvelle saison de la série imaginée par Hwang Dong-hyeok suscite autant d’attentes que de questions. Comment ce créateur, qui n’a pas hésité à partager ses angoisses face à la pression immense du succès, a-t-il pu livrer un tel opus ? Le résultat est pour le moins contrasté.
Dès les premiers épisodes, on retrouve une caractéristique bien connue des séries Netflix : un rythme qui s’étire. Les deux premiers chapitres, en particulier, semblent surtout là pour gonfler la durée, au détriment de l’intrigue. Ce remplissage, malgré quelques scènes intéressantes, n’apporte que peu de profondeur et donne l’impression d’un démarrage laborieux.
Les personnages, quant à eux, peinent à déer leur statut de caricatures. Certes, cela n’est pas inhabituel pour ce genre de production, mais on aurait espéré un effort supplémentaire pour insuffler plus de nuances à ces figures pourtant centrales.
Côté réalisation, on est loin d’être ébloui. Le style visuel, sans être mauvais, reste tristement classique et terne. Une vraie déception pour une série qui aurait mérité une mise en scène audacieuse, peut-être dans la veine d’un Panic Room. (David Fincher, si tu nous écoutes, ces rumeurs sur ton hypothétique 1000e projet nous font toujours rêver, même si elles finissent souvent annulées…)
Le plus frustrant reste cependant la construction narrative. Cette saison ne parvient pas à se suffire à elle-même. Pas de véritable fin ouverte pour maintenir le suspense, mais plutôt une conclusion qui donne l’impression de couper net au milieu d’un épisode. Ainsi, la saison 3 s’annonce déjà comme une simple continuation de cette saison 2, une sorte de « saison 2B » qui laisse un goût d’inachevé.
Malgré tout, la curiosité demeure. Où cette histoire va-t-elle nous mener ? On ne peut s’empêcher de penser qu’un peu plus de maîtrise aurait permis d’éviter ces maladresses. Avec quelques épisodes supplémentaires pour réellement boucler cette saison et une troisième qui aurait osé s’émanciper du canevas initial, on aurait peut-être eu droit à un véritable tournant.
En l’état, cette nouvelle saison oscille entre moments intrigants et frustration persistante. Espérons que la suite saura pleinement exploiter le potentiel de cet univers qui, malgré ses failles, continue de captiver.
Mouais, le premier était pas mal, mais je ne vois pas trop l’intérêt (à part financier) de cette suite.