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The Last of Us saison 2 épisode 3 : critique de l’après choc, et du vrai début du cauchemar

Par Geoffrey Crété
28 avril 2025
MAJ : 28 avril 2025
© HBO

Après le choc de l’épisode 2, la saison 2 de The Last of Us entame le début du vrai cauchemar avec l’épisode 3. Notre critique.

ATTENTION SPOILERS

La saison 2 de The Last of Us a commencé fort, comme prévu. Après un premier épisode très solide, le deuxième a été celui de la bascule : la mort de Joel (génial jeu The Last of Us : Part II, et la seule question était de savoir quand il allait intervenir dans la série.

Avec la saison 2 de The Last of Us, les créateurs de la série Neil Druckmann avaient un grand défi : comment adapter le deuxième jeu vidéo, beaucoup plus riche et ambitieux d’un point de vue narratif ? Ils ont déjà annoncé que l’intrigue serait étalée sur la saison 3 aussi, avec une option sur l’éventuelle saison 4 s’ils décidaient d’étirer les choses. Que la mort de Joel arrive dès l’épisode 2 est un premier indicateur sur leurs choix d’adaptation, et le rythme des événements.

L’épisode 3, centré sur la reconstruction du monde après la mort de Joel et le chaos qui a ravagé Jackson, prépare en tout cas la suite sans perdre de temps.

THE LAST ONE OF US

Le générique annonce la couleur : le nom de Pedro Pascal a disparu, tout comme sa silhouette à la fin. Bella Ramsey et Ellie sont désormais seules à la tête de la série et de ce monde. Dina (Isabelle Merced) sera certes aux premières loges, mais cette mise à jour mortuaire est lourde de sens puisque c’est le principal enjeu de cette saison 2. Ellie est déterminée à se venger, envers et contre tous, quitte à ravager tout son univers.

Après une introduction apocalyptique qui prolonge la nuit de l’épisode 2, et où le silence des cadavres calcinés résonne avec les hurlements d’Ellie, l’épisode 3 reprend trois mois plus tard. Le soleil est revenu, Jackson se reconstruit sur le sang et les ruines de la bataille, et Ellie sort enfin de l’hôpital pour reprendre sa vie. En apparence, la guérison a commencé.

The Last of Us saison 2 bella ramsey
Une très belle scène, calquée sur celle du jeu

C’est évidemment faux, et c’est là toute l’intelligence de l’écriture de Craig Mazin. Tout comme le Cordyceps qui avançait discrètement dans les canalisations sous la ville paisible, le visage et la voix d’Ellie cachent le principal. En prenant le temps de développer une étape de l’histoire qui était précipitée dans le jeu, l’épisode 3 montre comment le personnage prépare silencieusement sa vengeance, en essayant d’abord la voie officielle.

De la sortie de l’hôpital jusqu’au conseil de Jackson, elle pèse chacun de ses mots et gestes pour tromper son monde (du moins en partie) et arriver à ses fins (du moins en théorie). La psy incarnée par Catherine O’Hara a beau lire entre les lignes, elle n’essaye même pas de changer le cours des choses. « Il y a des gens qui ne peuvent pas être sauvés ». De quoi donner à ce personnage un peu lourdingue créé pour la série une utilité dans les thématiques de l’histoire à venir.

C’est là aussi qu’on retrouve le talent du réalisateur Peter Hoar, de retour après le mémorable épisode 3 de la première saison pour signer un nouveau chapitre tourné vers l’intime et les silences. Et vu la tonne d’informations à placer ici, il s’en sort irablement bien, notamment avec Bella Ramsey (la scène reprise du jeu où elle retourne chez Joel, et celle du cimetière imaginée pour la série)

The Last of Us saison 2 bella ramsey
Bella à Ramsey à la petite cuillère

DE LA DINAMITE

S’il y a bien un personnage qui intrigue particulièrement en ce début de saison 2, c’est Dina. Elle avait déjà gagné une nouvelle dimension dans l’épisode 2 puisqu’elle était en patrouille avec Joel lorsqu’il rencontrait Abby – dans le jeu, c’était Tommy. C’était une belle manière de lui donner des motivations plus personnelles dans la suite des événements aux côtés d’Ellie.

L’épisode 3 va plus loin encore. C’est elle qui livre les précieuses informations sur Abby et les WLF (Washington Liberation Front). Et au-delà de ce gros effet narratif, qui répond aux besoins de l’ellipse de la série, elle prend une plus grande importance dans le voyage d’Ellie. C’est elle qui l’aide à bien se préparer, à choisir la bonne route, à récupérer un cheval et à quitter Jackson.

The Last of Us saison 2 bella ramsey isabelle merced
Dora qui explique à Ellie comment bien faire son sac à dos, normal

Sous ses airs légers et insouciants, Dina révèle ainsi une belle perspicacité, en contraste avec la fougue d’Ellie. Elle capte les signaux du monde autour d’elle, que ce soit les plans de son amie ou la météo qui tourne à l’orage, tandis que l’autre est tournée vers elle-même, déjà aspirée par son désir de vengeance.

De quoi rendre ce personnage plus touchant et complexe que dans le jeu, notamment grâce au talent de l’actrice Isabela Merced, vue dans Alien : Romulus et attendue en Hawkgirl dans Superman (on laisse Dora l’exploratrice et Madame Web de côté par respect pour elle).

The Last of Us saison 2 isabelle merced
Alien, The Last of Us, Superman… sacrée période pour Isabela Merced

LES SÉRAPHITES, MAIS VITE

L’épisode reprend plusieurs ages du jeu entre Ellie et Dina (les discussions à cheval et sur leur baiser, la nausée…) tout en continuant à en repousser d’autres, prouvant encore une fois que cette saison 2 opère de véritables choix d’adaptation, loin des facilités de la saison 1. Et justement, un élément majeur débarque sans crier gare dans cet épisode 3 : les Séraphites.

Comme avec Abby, Craig Mazin et Neil Druckmann ont décidé d’amener ce mystérieux groupe de siffleurs plus tôt dans le récit, en décrochant du point de vue des personnages principaux. Là encore, c’est une manœuvre un peu grossière pour mieux préparer le terrain, transformant la surprise (tomber sur les Séraphites et leurs sifflements dans un parc à Seattle, dans le jeu) en suspense (savoir qu’ils sont là). Et comme avec Abby, c’est un peu dommage.

the last of us saison 2
La mort sifflera trois fois

En réalité, cette présentation pas très fine des Séraphites (ces dialogues explicatifs sur la Prophète et la communication par les sifflements…) a un objectif : façonner la mythologie de Seattle, avec ses groupes qui s’affrontent pour le contrôle du territoire. Après avoir eu le visage d’Abby qui s’attaque à Joel, les WLF prennent la forme de « monstres » hors-champ qui massacrent un groupe jusqu’aux enfants, puis d’une bande de soldats sans visages qui remonte une rue comme des zombies.

Plus encore que le jeu, la saison 2 de The Last of Us met l’accent sur une idée : ce monde appartient aux tribus. Ce n’est peut-être pas un hasard si l’épisode 2 avait montré un homme de Jackson, infecté, qui acceptait tellement son sort qu’il tendait sa propre arme pour être abattu. Que ce soit avec les infectés (connectés par un gigantesque réseau dans la série), Jackson (organisée autour d’un conseil dans la série), les WLF ou les Séraphites, tout est une question de survie de groupe, de respect de la hiérarchie et finalement de domination de l’Autre, comme le montre le débat dans la ville après la mort de Joel. Le fait que la série développe autant le fonctionnement de la communauté de Jackson va dans ce sens.

En désobéissant et en s’écartant de leur meute, Ellie et Dina font figure d’anomalie, seules sur leur cheval qui semble minuscule au milieu de ces guerres de clans. Et c’est le début d’une réaction en chaîne terriblement claire pour toute personne ayant joué au jeu, et qui regarde leur arrivée à Seattle avec un goût de sang et de larmes en bouche.

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samaru
samaru
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il y a 1 mois

Encore une fois, cet épisode reste fidèle au jeu sur les séquences fortes en émotion et apporte sa propre variation.

finalement l’attaque de la horde sur Jackson, que je trouvais presque trop, permet d’expliquer le saut dans le temps absent du jeu. Et on aimait ou pas tout le age sur le Conseil, etc.. mais c’est cohérent avec la série.

Je suis ravi de cette adaptation pour l’instant, pourvu que ça dure.

Woking Dead
Woking Dead
il y a 1 mois

Effectivement, difficile de (sur)er après l’episode 2. Mais celui-ci tient tres bien la route et ne souffre d’aucun problème de rythme.

Petit bémol cependant, les Seraphites. Il y a un vrai problème d’exposition de ce groupe qui va être décimé… aussi tot qu’on nous les a présenté. Donc on reste un peu sur notre fin avec le sentiment qu’on ne leur a pas donne assez de place.

Mention spéciale tout de meme a Bella Ramsey qui livre une prestation remarquable.

William Eggbacon
William Eggbacon
il y a 1 mois

Episode globalement très satisfaisant, vu qu’il est difficile de er après le 2… C’est une bonne adaptation du jeu, et c’était difficile dans le sens où ça allait être forcément un épisode de transition. Je me demande si la mort de Joel va vraiment avoir un impact sur les audiences ?