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Les Fous du volant : Fast & Filou & Furious, le cartoon culte de Satanas et Diabolo

Par Geoffrey Crété
27 juin 2020
MAJ : 21 mai 2024
Les Fous du volant : photo

Satanas, Diabolo, Pénélope Joli-Cœur et compagnie : retour sur la série culte de William Hanna et Joseph Barbera.

Seulement une saison, et 34 épisodes de 11 minutes, et pourtant la série Joseph Barbera, portée par les machiavéliques Satanas et Diabolo, a marqué les mémoires et défend sa place dans la pop culture.

Retour sur la genèse de ce cartoon irrésistible et ridicule, et les raisons de son succès à travers les âges.

 

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LA COURSE ENJOUÉE

Avant le dessin animé Les Fous du volant, il y a le film Jack Lemmon. Et avant le film sorti en 1965, il y a la réalité : le New-York-Paris 1908, une course automobile appelée The Great Race, et très médiatisée à l'époque. Une folle épopée qui a démarré en février 1908 à New York, avec six équipes composées de pilotes venus du monde entier et qui vont traverser l'Amérique, l'Asie, la Russie et finalement arriver à Paris. Après quelque 35 000 kilomètres, 169 jours et divers problèmes et accidents, The Great Race était entrée dans l'Histoire.

Propulsé par le succès de ses précédents films, Blake Edwards décroche un joli budget pour l'époque et tire de cette folle aventure une comédie loufoque, inspirée par le cinéma muet (l'hommage à Laurel et Hardy est affiché d'emblée), son amour des gags et divers hommages. Le film ne sera pas un grand succès à sa sortie, et le budget qui avait grimpé (les 3 millions seraient devenus 12 millions) n'a pas aidé à sauver les meubles.

 

photoLa Grande Course autour du monde de Blake Edwards

 

Peu importe : il servira d'inspiration aux Fous du Volant quelques années après. Le méchant professeur Fatalitas de Jack Lemmon se retrouvera dans le fameux Satanas, quand son acolyte Diabolo rappellera Max, incarné par Peter Falk dans le film. Maggie DuBois, le personnage de Natalie Wood, donnera Penelope Joli-Cœur, même si elle sera créée après les autres, quand tout le monde a réalisé qu'il n'y avait que des hommes.

 

photoFatalitas, qui servira d'inspiration à Satanas

 

L'EL DORADO ANIMÉ

Derrière ces Fous du volant, il y a la société de production Hanna-Barbera, fondée par William Hanna et Joseph Barbera. Leurs noms sont peut-être inconnus du grand public, mais pas leurs bébés : Tom et Jerry, Les Pierrafeu, Les Jetson ou encore Yogi l'ours sont tous nés de l'imagination fertile de ce duo, qui a d'abord opéré chez la MGM avant de créer son propre studio en 1957.

Ce sera le début d'une longue aventure cartoonesque avec beaucoup de séries autour des personnages créés par Hanna-Barbera ou leur équipe, ou bien tirés d'autres licences, pour une suite de dessins animés cultes : Scooby-Doo, Les Snorky, Les Schtroumpfs, La Famille Adams, Capitaine Caverne, et même Lucky Luke en co-production. Des longs-métrages seront également produits.

 

photoTom et Jerry, Hanna et Barbera

 

Achetée par Taft Broadcasting (renommé Great American Broadcasting par la suite) en 1966, Hanna-Barbera Productions va monter en puissance durant deux décennies, avant de peu à peu décliner dans les années 80 (notamment à cause des évolutions de stratégie dans la programmation des dessins animés à la télévision). En 1991, la boîte est rachetée par Turner Broadcasting System, puis absorbée par Time Warner en 1996. Entre temps, la chaîne Cartoon Network aura été lancée, recyclant ces succès pour entretenir leur renommée au fil des multiples rediffusions.

Renommé H-B Production Company, puis Hanna-Barbera Cartoons, Inc., le studio sera finalement absorbé par Warner Bros. Animation en 2001, l'année de la mort de William Hanna. Il sera suivi par son compère Joseph Barbera en 2006, mais leur héritage survit encore sans effort, Scooby-Doo, Yogi et compagnie revenant sans cesse, modernisés.

 

photoSatané Satanas et diabolique Diabolo

 

SPEED RACERS

Au milieu de la folle histoire de Hanna-Barbera, il y a donc eu Les Fous du volant, conçu à l'origine comme un segment d'un jeu télévisé par Heatter-Quigley Productions, spécialisée dans le genre. L'idée était de voir des invités parier sur le gagnant de la course, autour de personnages cartoonesques, avec à la clé des cadeaux pour les enfants. Mais le boss de la chaîne CBS, Fred Silverman, balaye ce principe : il veut un dessin animé pour la case horaire du samedi matin.

Le cœur des Fous du volant restera les fous en question, galerie de personnages et micro-univers contenus sur un bolide. Encore aujourd'hui, ils restent une petite mine d'or pour le merchandising et les collectionneurs.

Petit rappel des héros et zéros de la course :

Véhicule 1 : Roc et Gravillon, les frères Têtes-dures venus de la préhistoire pour tout taper et écraser avec leur voiture-rocher.

Véhicule 2 : la maison hantée sur roues de Pique et Collégramme, avec option dragon, fantôme, sorcière ou autre.

Véhicule 3 : le professeur Maboulette, capable d'inventer et imaginer de quoi affronter tous les éléments, et transformer son engin en tout et n'importe quoi.

Véhicule 4 : Max le rouge, dans un avion biplan de la Première Guerre mondiale, qui curieusement a été qualifié de voiture.

Véhicule 5 : Pénélope Jolicœur, la seule fille, évidemment en rose, dans une voiture nommée Compact Pussycat oui, qui sert aussi à entretenir son maquillage et sa coiffure, bien sûr.

 

photoMontagne de clichés assumés

 

Véhicule 6 : Sergent Grosse-Pomme et Soldat Petit-Pois, dans un tank de destruction massive.

Véhicule 7 : les mafieux d'Al Carbone dans leur limousine.

Véhicule 8 : Malabar et Malabille, un homme et son ours.

Véhicule 9 : Pierre de Beau-Fixe, le tombeur, qui veut aider Pénélope, même si sa voiture tombe toujours en morceaux.

Véhicule 10 : Rufus le Rondelle le bûcheron, avec son malin castor, Saucisson.

Et bien sûr, dans le véhicule 00 : Satanas et Diabolo, le duo des enfers qui aime se détester, et qui e plus de temps à essayer de ralentir leurs adversaires qu'à avancer pour gagner.

 

photoCasper arrive dans 3, 2, 1...

 

CARS & COMPAGNIE

Dans chaque épisode, Satanas et Diabolo mettent au point un piège pour stopper, ralentir, devancer ou dévier leurs concurrents. Et dans chaque épisode, Satanas est pris à son propre piège, et Diabolo éclate de rire. Le moteur reste le même, dans la grande tradition des cartoons type Bip Bip et Coyote, et c'est un terrain de jeu parfait pour les animateurs et scénaristes.

Hypnotiser un gorille géant, s'associer à un chef indien, les perdre dans un parc d'attractions, couper des arbres, se déguiser en abominable homme des neiges, gonfler des ballons en forme de vaches, utiliser un génie dans une lampe magique, sortir un rouleau compresseur : rien n'est trop bon ou bête pour le diabolique Satanas, qui finit invariablement écrasé par un train, une voiture, une porte, un métro, du bétail ou des troncs d'arbre.

 

photoSatanas en crêpe : l'étape inévitable

 

De Frankenstein aux films de mafieux, en ant par King Kong, la série regorge de références. Comme avec tout bon cartoon, parents et enfants sont réunis, d'autant que tout repose sur la mécanique d'une course suivie par un commentateur sportif, qui raconte en "direct" les avancées et encombres des prétendants au titre - avec un quatrième mur souvent brisé avec Satanas.

L'amour des bolides au centre de la série n'est d'ailleurs pas une surprise pour quiconque a vu la voiture de Fred Pierrafeu ou les engins volants des Jetson, très reconnaissables et soignés. Hanna-Barbera s'est toujours intéressé à cet imaginaire, et Les Fous du volant en est le paroxysme. L'inventivité des véhicules est certainement l'aspect le plus mémorable de la série, tant chaque bolide est digne du sac de Mary Poppins, renfermant tout ce qui pourrait créer un gag, une surprise ou un joker pour l'action. Une liberté affolante qui permet de renouveler les péripéties dans la plus grande tradition des cartoons sans aucune autre limite que l'imagination.

Le plaisir est également là du côté des voix, puisque seulement six acteurs ont assuré le service de tous ces Fous, quitte à frôler la schizophrénie lorsqu'un comédien se donnait lui-même la réplique. Dave Willock assuraient seulement un personnage (Pénélope, et le narrateur).

 

photoAprès le cheval de Troie : la vachette de Satanas

 

SORTIES DE ROUTE

Après 34 courses découpées en 17 épisodes, Les Fous du volant atteignent la ligne d'arrivée. Pour la victoire finale, il faudra revoir les podiums de chaque épisode, qui se terminait sur les trois vainqueurs au moins - et Pénélope, Malabar et Malabille, Al Carbone et sa bande, et Pierre de Beau-Fixe détiennent les records ex-aequo des premières places. De petits malins-fous ont calculé que les frères Roc et Gravillon étaient en réalité les gagnants, selon les règles d'une telle course, chose plutôt amusante vue leur place très en retrait dans la série.

Mais la course a continué, sous diverses formes. Pénélope a eu droit à sa série dérivée, intitulée Pattaclop Pénélope, qui suit la riche héritière, que son tuteur légal essaie de tuer pour récupérer la fortune. La bande d'Al Carbone est aussi de la partie, et sauve régulièrement l'héroïne - sauf quand elle se retrouve à les sauver à leur tour. Car l'ingénue rose bonbon ne manque pas de ressources, sous ses airs de niaise petite chose.

Satanas et Diabolo auront eux aussi leur moment de gloire solo, pour une série lancée dans la foulée. Plus proche des Fous du volant, mais dans les airs, Satanas et Diabolo (Dastardly and Muttley and their Flying Machines) suit le duo et leurs associés pilotes, désespérément lancés à la poursuite de Zéphyrin le pigeon voyageur, qui amène d'importants messages aux lignes ennemies. Comme Bip Bip, le volatile est malin, et met à mal tous les plans des méchants.

 

photoÀ la recherche du pigeon voyageur : best pitch ever

 

En 2006, Cartoon Network tentera de relancer Les Fous du volant moderne, avec un mélange entre anciens (Pénélope et Pierre désormais mariés) et nouveaux personnages (leurs enfants, Parker et Piper, également en course). Mais le projet n'ira pas au-delà d'un pilote, jamais diffusé. Warner Bros. s'y remettra malheureusement via son SVoD Boomerang pour lancer un remake en 2017, avec un inévitable lifting en animation 3D.

Quelques personnages emblématiques sont de retour, comme Satanas, Diabolo ou encore Pierre, quand beaucoup d'autres sont oubliés (Rufus, Malabar et Malabille, Al Carbone et sa bande, Maboulette...). De nouveaux visages rejoignent la course, comme le môme surdoué QI Failoiseau, Pandora la jumelle maléfique de Pénélope, et une bande de pirates. La série s'attarde d'ailleurs plus sur les personnages, pour leur donner un semblant de consistance. Ainsi, Satanas version 2017 se révèle être le descendant du Satanas des années 60.

Pas impossible de trouver ce lissage 3D parfaitement affreux, mais la série a déjà connu deux saisons, preuve d'un certain succès.

 

photo remakeContempler le vide artistique

 

Mais l'héritage des Fous du volant va bien au-delà des séries animées. Dès 1991, et jusqu'à 2008, divers jeux vidéos sont sortis, avec plus ou moins de succès. En 2016, DC Comics a lancé Hanna-Barbera Beyond, pour s'am à réimaginer les personnages dans un décor post-apocalyptique, type Mad Max.

Et bien sûr, le merchandising et les multiples rediffusions et ventes ont été une mine d'or au fil des années.

 

photoLes Fous du volant sur Fury Road

 

Pour les plus téméraires, Satanas et Diabolo reviendront par la petite porte au cinéma, dans le film Scooby ! (en salles le 8 juillet). Le duo apparaîtra dans ce film animé, qui revient sur la rencontre entre Scooby, Sammy et compagnie. Pas d'effet de surprise ici : une image des compères a été lâchée dans la promo. De là à imaginer un grand univers partagé entre tous ces personnages, et encore une longue vie aux Fous du volant et autres, il n'y a qu'un tout petit pas - un pas sur des liasses de billets verts.

 

photoVive le nouveau millénaire

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6 Commentaires
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dahomey
dahomey
il y a 4 années

La grande course est un film culte pour moi , un peu comme les merveilleux foux volants et leur droles de machine …. ca fait plaisir d’en entendre parler…. 🙂

Geoffrey Crété
Geoffrey Crété
il y a 4 années

@tom3

Les abonnements web existent depuis des années, à des tarifs souvent plus élevés, et si le web est actuellement dans un état fragile (d’où les abonnements), que dire de la presse écrite…

Mais bien sûr, chacun a ses habitudes, ses préférences, sa vision des choses, et ses choix ! C’est pour ça que 98% d’Ecran Large reste accessible sans abonnement 😉

Tom3
Tom3
il y a 4 années

2,50 pour du web? Vraiment? Sortez un magazine papier, je suis à l’ancienne je préfère garder ce que j’achète ^^

Kyle Reese
Kyle Reese
il y a 4 années

Pas si mal la dernière image avec les 2 compères en 3d.
J’étais un grand fan des fous du volant, c’était le délire.
C’était le Hanna Barbera de la grande époque, je regardais aussi Scoobydoo et Capitaine Caverne.
Étonnant le HB beyond, les fous du volant façon Mad Max est une idée de génie et finalement si évidente.

Free Spirit
Free Spirit
il y a 4 années

un vrai bon Dessin Animé; comme il n en existe plus…produit par HANNA BARBARA…merveilleuse époque…

Lulu
Lulu
il y a 4 années

Que de souvenirs, j’adorais ça quand j’étais petit. Dommage, Sa va bientôt être autocensuré car Diabolo ressemble trop à Régis Laspalés ^^