Films

Azrael : critique qui crie dans le vide 

Par Judith Beauvallet
19 avril 2025

Les amateurs de pépites horrifiques confidentielles l’auront attendu longtemps : The Babysitter, ne suffit malheureusement pas à crédibiliser un film aux bonnes idées mais aux fondations peu solides. Azrael est disponible en DVD et VOD depuis le 9 avril.

©Shudder

Faire peur en silence

Azrael démarrait pourtant plutôt bien. Une jeune femme et son compagnon, en pleine déclaration d’amour muette dans la verdure, sont capturés par d’autres humains qui décident de les offrir en sacrifice à de mystérieuses créatures. Azrael est ligotée à une chaise face à la forêt, tandis que ses ravisseurs tournent le dos à la scène et n’ont pas le droit de regarder ce qui s’approche. Personne ne parle, et pour cause : le langage humain a disparu de la surface de la Terre.

Mais il semblerait que ce rituel soit une tradition bien ancrée de ce futur post-apo guère reluisant. Bientôt, une silhouette sombre et difforme apparaît : celle de la bestiole vaguement humanoïde aux cris rauques qui doit boulotter Azrael. Mais la jeune femme parvient à s’échapper… Pour combien de temps ?

Toute cette introduction est efficace, tant dans sa manière de donner à comprendre ce qu’est le quotidien de ces humains en ne s’autorisant aucune verbalisation, que dans sa manière d’introduire le monstre.

azrael samara weaving
Que serait un post-apo fauché sans une forêt de nuit avec un feu de camp ?

Le film est fauché, pas d’ambiguïté sur la question, et comme bon nombre de productions horrifiques, il commence par en tirer le meilleur parti en jouant sur la suggestion et le design sonore. Mais après cette fameuse introduction, dont beaucoup d’images étaient déjà présentes dans la bande-annonce, les choses se gâtent. Il semblerait que le réalisateur E.L. Katz se mette à miser essentiellement sur le pari (assez radical, il est vrai) de l’absence totale de dialogues pour donner de la substance à son film.

Or, ça ne suffit évidemment pas : la mise en scène devient vite hasardeuse, mal assurée, et le rythme terriblement mou du genou. A part lors d’une seconde séquence assez réussie dans son mécanisme d’épouvante, les nouvelles apparitions des créatures (car elles sont en fait toute une tripotée) en dévoilent beaucoup trop, oubliant bien vite le pouvoir de la suggestion. A noter que leur design est loin d’être raté, mais ne mérite pas d’être autant révélé au détriment du mystère et du suspense.

samara weaving azrael
Samara Weaving sur le point de dérouiller (encore)

Le silence est dort

Par la suite, le vide d’un récit simpliste et qui se regarde le nombril (le genre qui aurait fait un bon court-métrage, mais pas plus) traîne en longueur, et l’implication toujours parfaite de Samara Weaving ne parvient pas à garder l’intérêt du spectateur éveillé. Tout ça pour qu’en définitive, l’histoire mène vers une imagerie religieuse assez vulgaire, qu’on connaît déjà par cœur à force de l’avoir trop vue, et qui fait retomber ce futur post-apocalyptique dans des clichés ringards et trop ancrés dans notre époque.

A la place, il aurait été ionnant que le film s’attaque davantage au motif pourtant central du langage et de son importance dans la religion : pourquoi a-t-il réellement disparu, à l’écrit comme à l’oral (les créatures son attirées par le bruit, certes, mais il y a des moyens d’utiliser la langue et la parole sans se gueuler dessus, même que dans Sans un bruit ils le font) ? et pourquoi faut-il le réapprendre ?

Elle a changé, la sorcière de Blair

Ces questions, qui font parfois mine de tendre vers des réflexions ionnantes, ne sont en réalité jamais vraiment traitées par le film qui préfère s’appuyer sur des réflexes de mécaniques horrifiques un peu faciles plutôt que de raconter son histoire. Malheureusement, il ne fallait peut-être pas attendre plus d’un scénario signé Simon Barrett, habitué du genre (il avait écrit le bien plus réussi You’re Next en 2011 et le Blair Witch de 2016, entre autres) mais au style tout sauf révolutionnaire.

Bref, les intentions ne sont pas mauvaises, l’interprétation est plutôt bonne, mais le reste s’essouffle très (très) rapidement, ne laissant régner que l’ennui et l’impression de s’être fait rouler. Une curiosité de festival à découvrir pour les curieux d’une narration sans dialogues et pour les grands fans de Samara Weaving, mais qui peinera à satisfaire toute autre exigence.

Azrael, disponible en VOD et DVD

Rédacteurs :
Résumé

Un joli pari sur le papier, qui n’est plus grand-chose d’autre une fois porté à l’écran.

Autres avis
  • Geoffrey Crété

    Ça commençait bien, avec les bases d'un univers et d'un cauchemar intrigants.. et très vite, ça tourne en rond, et ça se termine dans un festival de clichés et images basiques.

Tout savoir sur Samara Weaving
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Flo1
Flo1
il y a 1 mois

Pas de blague sur Gargamel ? 🤭

davidberthelot
davidberthelot
il y a 1 mois

Dommage… La BA fait clairement envie! Melange de sans un bruit et the descent? À voir

Petitpoussin38
Petitpoussin38
il y a 1 mois

Votre critique est encore trop gentille pour un film sans scénario, sans explications ( que s’est il é pour le Monde, qui sont ces créatures, pourquoi la perte de parole…), mou et incohérent ( la présence du gars en pick-up). Totale perte de temps.