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Saturday Night : critique qui révolutionne la TV

Par Clément Costa
16 mars 2025

Après s’être essayé sans briller au blockbuster nostalgique avec S.O.S Fantômes : L’Héritage, le réalisateur J.K. Simmons.

© Columbia Pictures

MAIN BASSE SUR LA TÉLÉVISION

Le 11 octobre 1975, Lorne Michaels arrive au studio NBC de New York. Il ne lui reste plus que 1h30 pour diriger ce qui deviendra le célèbre Saturday Night Live. C’est à partir de cette idée simple mais risquée que Jason Reitman va construire son Saturday Night. Une reconstitution chaotique et entraînante d’une émission sur le point de révolutionner la télévision américaine.

-Dès les premières secondes de son long-métrage, le cinéaste canadien nous dévoile un dispositif ambitieux. Son objectif est de nous plonger en immersion totale. Il retrace donc en temps réel ces 90 dernières minutes avant le direct. Pour traduire l’effervescence et le chaos créatif en coulisses, il enchaîne les plans séquences virtuoses. La réussite visuelle saute aux yeux et le choix audacieux de tourner en 16mm ne fait que sublimer un peu plus le résultat à l’écran.

Saturday Night image critique
Tout ce qui brille

Afin d’accompagner ce dispositif rigoureux de mise en scène, Saturday Night peut se reposer sur un soin du détail et de la reconstitution qui force le respect. Les costumes bariolés et délirants se succèdent sans interruption. Les personnages hauts en couleur défilent à une vitesse folle. Et il faut reconnaître à Jason Reitman un véritable talent pour le travail de la narration par l’arrière-plan. Plutôt que de tout nous expliquer, le cinéaste joue sur les décors et les figurants pour introduire des enjeux en constante évolution.

Alors que des biopics bavards et uniformisés défilent chaque mois sur nos écrans, Jason Reitman subvertit intelligemment les poncifs du genre. Loin de mettre en scène l’équivalent d’une page Wikipedia filmée, le cinéaste se concentre uniquement sur une période extrêmement limitée. La caractérisation des personnages se doit d’être rapide, tout le récit repose alors sur la suggestion et l’efficacité rageuse des dialogues.

Saturday Night critique
Qu’est-ce qui pourrait mal se er ?

UN SOIR SANS FIN

Aussi stimulant soit-il, ce parti pris de concentrer toute la narration sur un temps si court condamne cependant  Saturday Night à ne jamais développer ses personnages. Impossible de s’attarder sur des enjeux intimes lorsque chaque minute est comptée. Si le public nord-américain qui est forcément familier avec le SNL en sait largement assez pour reconnaître chaque future célébrité à l’écran, le film s’annonce plus compliqué d’accès pour un public de novices.

Toujours dans cette idée d’accessibilité, Jason Reitman multiplie les clins d’œil que seuls les amateurs de l’émission pourront pleinement comprendre. Citons ainsi les guerres d’égo en interne, le tempérament déjà exécrable de Chevy Chase ou encore la création de sketchs appelés à devenir cultes. Présenté à un public qui ne dispose pas de toutes les clés de lecture, ce refus de développer peut créer un véritable sentiment confusion.

Saturday Night casting ensemble
Ça fait beaucoup là, non ?

Cela dit, Saturday Night s’avère plaisant même sans une connaissance parfaite du sujet. Les comédiens contribuent grandement à la réussite du long-métrage. Ils nous aident à identifier en quelques phrases à peine qui ils sont, quelles sont leurs motivations. Difficile d’extraire une performance en particulier tant il s’agit d’un récit choral parfaitement équilibré.

Les interprétations sont fidèles sans virer à la copie trop appuyée. Dans sa globalité, le long-métrage parvient très bien à restituer cette atmosphère unique de bande d’amis. On perçoit des tensions, des affinités, des conflits. Mais c’est surtout une envie de créer et d’innover qui émane de chaque comédien et comédienne.

Saturday Night Andy Kaufman
Man on the moon

LA FIN DE LEUR MONDE

Sur papier, on pourrait se dire qu’il y a largement plus ionnant à raconter que la création d’une émissions pour la télévision. Et pourtant, Saturday Night fait preuve d’une énergie contagieuse à laquelle il est difficile de résister. L’idée de construire le film comme une course contre-la-montre géante fonctionne à merveille. En résulte un suspense grisant qui semble tout droit sorti d’un film sportif particulièrement efficace.

L’autre grande réussite du film de Jason Reitman se joue du côté de l’écriture. Grâce à des dialogues cinglants et naturels, le réalisateur parvient à nous montrer la révolution culturelle qu’a représentée l’arrivée du Saturday Night Live dans les années 70. Le film prend la forme d’une bataille entre une jeune génération hargneuse et un ancien monde bouffi de certitudes, incarné à merveille par un J. K Simmons parfaitement détestable.

Saturday Night JK Simmons
Quand c’est toujours pas son tempo

Il semble évident que Saturday Night ne parle pas uniquement de télévision. Le véritable sujet du film se trouve dans la représentation de créateurs hors normes luttant face à un système que personne ne pensait pouvoir renverser. Ces artistes improbables, financés par accident, font office de vaste blague aux yeux des producteurs et autres investisseurs vieillissants en costumes-cravates. Difficile de ne pas y voir un reflet de l’état dans lequel se trouve Hollywood depuis plusieurs années.

Il y a une forme de naïveté touchante qui se dégage alors du long-métrage. L’envie sincère de croire qu’un autre monde est possible. Derrière le récit convenu d’une émission télévisée à succès, Jason Reitman offre un film réjouissant. Une création qui allie réussite formelle et propos pertinent.

Saturday Night est disponible en VOD dès ce 17 mars 2025 en

Affiche Saturday Night
Rédacteurs :
Résumé

Saturday Night marque un retour en forme très réjouissant pour Jason Reitman. Porté par une mise en scène efficace et un casting investi, le film nous offre 90 minutes d’énergie chaotique et de rires grinçants. Une belle réussite.

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cidjay
cidjay
il y a 2 mois

Mais ça sort chez nous un truc comme ça ?
Autant balancer un film « Nulle Part Ailleurs » aux states…
Pas sûr qu’on soit les premiers concernés.

at-tlantis
at-tlantis
il y a 2 mois

ils ont assurer sur le casting la real et la reconstitution mais cela ne valais pas un film a mona vis , peux etre un reportage et encore..