Films

Fortress : le Prison Break SF méga-cool avec Christophe Lambert

Par Geoffrey Crété
21 juillet 2020
MAJ : 21 mai 2024
Fortress : photo, Christophe Lambert

Christophe Lambert est en prison dans une dystopie culte, imaginée part Stuart Gordon.

Après Re-Animator,

C'était en 1993, et pour tout amateur de série B et de vision old school du futur, c'est incontournable.

 

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PREDANIMATOR

Comment le réalisateur de Re-Animator et grand fan de Lovecraft s'est-il retrouvé à mener Fortress, tourné entre Chérie, j'ai rétreci les gosses (qu'il devait réaliser). Le voir filmer une série B sur une dystopie où la procréation non autorisée envoie les parents dans une prison de haute sécurité et high tech, n'a finalement rien de fou.

Mais Fortress est d'abord un film de producteur, et tout a été possible grâce à Predator). À l'époque, les deux hommes doivent retravailler ensemble sur Fortress, un scénario écrit à l'origine par Troy Neighbors et Steven Feinberg. Schwarzy doit incarner le héros John Henry Brennick. Et Stuart Gordon est choisi pour mener tout ça.

 

photoApporter un beau projet sur un plateau

 

Sauf que Schwazy se désiste finalement pour partir sur Highlander - Le retour est un désastre, de son tournage à sa sortie en salles, mais la renommée internationale du Français au rayon action-SF était assurée.

Avec le directeur de la photo David Eggby (le premier Mad Max 2 : Le Défi), il y a une équipe gagnante sur le papier. Et tant pis si le budget a fondu jusqu'à une dizaine de millions seulement, soit 6 ou 7 fois moins que prévu à l'origine. Ce changement majeur a peut-être même été une opportunité parfaite pour que Stuart Gordon se réapproprie le scénario.

 

Photo Christophe LambertIl ne peut rester qu'un (bon) film

 

FUTURE MEN

À bien des égards, Fortress est le fruit d'une époque où le futur dans le cinéma de genre était une horreur, avec la technologie au service de gouvernements sadiques, et les héros poussés dans leurs retranchements virils au nom de la liberté. Sans Total Recall en comparaison.

Fortress a souvent été comparé à Alien, la résurrection, où des prisonniers-cobayes ont la gorge offerte aux facehuggers.

Sans avoir la valeur ou la puissance de la plupart de ces films, Fortress a sa petite place dans le cœur des amateurs du genre. Gros succès dans les salles françaises à l'époque (plus d'un million d'entrées tout de même), rediffusé de nombreuses fois à la télévision, il a gagné un petit statut de film culte au fil des années. À tel point que quelqu'un aura la soudaine envie de lancer la suite, Fortress 2 : Reincarceration, en 2000. C'est donc une petite madeleine de Proust testostéronée, pleine de scènes excessives et ridicules, mais pas que.

 

photo, Christophe LambertUn gros gun, un petit Chris

 

PRISON BEURK

Fortress a deux visages. Le premier, plus évident : la bonne série B. Avec sa diabolique et sombre multinationale Men-Tel Corporation, sa prison high-tech avec des lasers et des caméras mobiles creusée dans le désert brûlant, ses Intestinators, son intelligence artificielle Zed-10, ses machines à décrypter les rêves et lobotomiser, le film est un irrésistible échantillon de la science-fiction des années 80-90.

La fin est à ce titre du bon série B-porn, avec une ultime séquence d'action aussi ridicule que spectaculaire. Après s'être échappés de l'enfer de la prison, Brennick, sa femme et un autre prisonnier s'arrêtent près d'une grande, pour que la dame accouche. Sauf que le diabolique ordinateur Zed-10 parvient à prendre le contrôle de leur gentil camion garé, et se prend pour Christine. Après avoir écrasé le second rôle dispensable, le véhicule se lance sur Brennick, qui rétorque avec des douilles et un lance-flamme. Tout finit par exploser dans la grange, mais heureusement, dame Brennick a survécu, et a même accouché tranquille dans le chaos.

À noter que cette fin a parfois été modifiée, notamment en VHS, pour totalement zapper le camion possédé.

 

photoLaser game over

 

Mais derrière ce plaisir instantané, il y a toujours l'esprit déviant de Stuart Gordon, caché derrière les apparences. Rien que les Intestinators qui déforment les ventres jusqu'à l'explosion, comme illustrée dès l'arrivée dans la prison, sont une belle idée graphique. Et bien sûr, il y a des corps transformés, avec des visions de cyborgs étranges qui servent de pantins à Men-Tel Corporation. Le directeur des lieux, Poe (incarné par un Kurtwood Smith délicieux), se révèle être un prisonnier lui aussi, transformé par l'entreprise dans ses entrailles.

Une idée centrale dans la dernière partie du film, puisque Brennick et ses camarades rebelles affrontent des gardiens surarmés, qui sont eux aussi des cyborgs. Cyborgs créés à partir des bébés illégaux des femmes emprisonnées, tuées lors de l'accouchement. C'est un cercle vicieux, qui transforme les victimes en bourreaux, et participe à ce climat de défiance vis-à-vis des puissants, qui utilisent et malmènent la plèbe pour en faire son propre ennemi. C'est la déshumanisation d'une humanité fasciste illustrée dans le cinéma de genre, avec la chair des vivants remplacée par des câbles froids, pour mieux montrer la lente dérive d'une civilisation qui se condamne elle-même.

 

photoRoboCoupé

 

RETOUR VERS LE FUTUR

La belle histoire de Fortress sera totale. Ce sera un succès en salles, avec près de 50 millions au box-office. La critique ne sera pas unanime, mais récoltera quelques louanges. À tel point que Christophe Lambert en gardera un vif souvenir, comme expliqué des années après à Den of Geek :

"Je me souviens, parce que ça ne s'oublie pas, que la meilleure critique venait du New York Times, ce qui m'a sidéré, parce que je me suis dit, 'The New York Times a mis genre 4 étoiles à Fortress ?!'. Ils ont vu la vision de Stuart et ils ont eu raison parce qu'au-delà du fait que ça a été un gros carton dans le monde, il avait une vision. Et il s'est battu pour ça, avec les producteurs. Il leur disait, 'Non, non, non, faites-moi confiance, laissez faire mes trucs'. Et comme il n'a pas déé le budget ou ce genre de chose, ils l'ont laissé faire, et ça a donné ça."

L'acteur en parle depuis comme d'une belle expérience, comme évoqué avec nous en interview il y a quelques années : "Super souvenir ! Parce que Stuart Gordon est un mec en or massif, très intelligent, et je pense que c'est vraiment lui qui a amené une autre dimension à ce film, c'est vraiment Stuart Gordon. Parce que c'est un mec non seulement inventif et qui comprend que la science-fiction ou le film de genre n'est pas seulement apparenté à se dire, on va faire des plans pour créer du suspense, tout ça. Tout ce qu'il a rajouté au scénario, tout ce qu'il a inventé dans cette histoire, il y a 100% de lui et vraiment je pense qu'il a fait un super boulot. Vraiment je ne l'oublierai jamais."

 

photoLe futur

 

Il sera plus nuancé sur Fortress 2, considéré par beaucoup de monde comme un navet ou un nanar, au choix : "C'est toujours la conséquence du succès d'un numéro 1 où l'on se dit, 'Bon c'est bête de ne pas faire un numéro 2...' (...) Je l'aurais certainement pas fait que pour l'argent. Même, si effectivement, je trouvais l'histoire beaucoup moins inventive que sur le précédent,  j'ai apprécié l'idée de la prison dans l'espace, un endroit où, vraiment, personne ne peut sortir. (...) Et franchement, le film est plutôt pas mal. Le réalisateur Geoff Murphy n'avait probablement pas le même côté créatif, inventif que Stuart. Il a pris le scénario, il a filmé le scénario, il ne s'est pas posé de questions.

Par contre, il avait d'excellentes idées visuelles qui venaient des années 50. Par exemple, cette séquence où l'on est en apesanteur en train de déboulonner les panneaux qui sont censés être dans l'espace. Cela a été fait avec le plus vieux système du monde : c'est-à-dire qu'on était posé à l'envers sur des chariots à roulettes et quand on voit l'effet à l'écran, on a vraiment l'impression qu'on est en apesanteur. Là dessus c'est vrai, il était présent et inventif sur le plateau."

 photo"Christophe j'ai une idée pour Fortress 3"

 

Stuart Gordon, lui, retouchera après ça à un budget conséquent et un gros spectacle SF avec avant sa mort en mars 2020.

Si Fortress n'est probablement pas son film le plus puissant, il reste l'une des portes d'entrée les plus amusantes dans son univers, et aura permis à beaucoup de cinéphiles de le découvrir. Et rien que pour ça, c'est un film qui mérite de l'amour.

 

photo

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Digo
Digo
il y a 4 années

@manu

Sérieux ? Tu croises un article abonné et ta réaction c’est l’insulte ? Si tu lisais dans le magasin Mad Movies ou L’écran fantastique, et si un vendeur venait te demander de l’acheter, tu lui sortais une insulte ? Tu crois que « sur internet c’est gratuit » ?
Va cordialement te faire m si t’es aussi bête et agressif.

Simon Riaux
Simon Riaux
il y a 4 années

@manu

Aucune nouveauté là-dedans.

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Manu
Manu
il y a 4 années

Sérieux ? Maintenant il faut payer pour la fin de l’article ? Allez vous f… Tre oui

Hasgarn
Hasgarn
il y a 4 années

Stuart + Christophe = gros plaisir filmique !

Ray Peterson
Ray Peterson
il y a 4 années

Je me rappelle de la fausse bande annonce des Guignols de l’Info (quand ils étaient encore drôles) qui se moquait gentiment du film. Après, tout n’est pas à jeter avec ce bon film de série B : le regretté Stuart Gordon aux manettes et les 2nd couteaux de belles gueules que sont Kurtwood Smith et Jeffrey Combs.

Flash
Flash
il y a 4 années

J’ai bien aimé cette série C et puis un film avec Vernon Wells est souvent un gage de qualité.