Sylvester Stallone est bloqué dans un vilain tunnel, pour un typique film catastrophe des années 90. C'est Daylight.
Dans la famille des films catastrophe typiques des années 90, au milieu des courants d'air de Viggo Mortensen) a marqué pas mal d'esprits, et nourri quelques petites crises d'angoisse.
Retour sur ce plaisir made in 90s.
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L'AVENTURE DU PRESQU-EIDON
Daylight est peut-être un fleuron du Stallone movie et du film catastrophe des années 90, mais tout ça a en réalité démarré très loin de ce petit monde. Plus précisément au milieu de la mer Méditerranée, avec Gene Hackman en prêtre qui mène un groupe de survivants dans un paquebot retourné par une méchante vague, a été un succès massif en 1973 (125 millions au box-office, pour un budget d'environ 5). Et une suite était donc inévitable.
Le producteur et futur réalisateur de cette suite, Irwin Allen, a d'abord l'idée de suivre les survivants qui vont témoigner en Autriche, devant la compagnie du Poséidon. Mais comme la poisse leur colle aux basques, leur train se retrouve bloqué dans un tunnel qui s'écroule sous les montagnes. Et c'est reparti pour une histoire de survie, qui n'a visiblement enchanté personne, puisque la vraie suite Le Dernier Secret du Poséidon raconte toute autre chose, d'encore plus grotesque - des gens rentrent dans le paquebot toujours retourné, avec une histoire d'or, meurtre et plutonium. Ce sera un bide en salles, et fin de l'histoire.
Ou presque. Puisqu'une dizaine d'années après, l'idée abandonnée d'un train dans un tunnel est recyclée. Sauf que ce n'est plus un train dans les montagnes autrichiennes, mais des voitures dans le tunnel entre Manhattan et New Jersey.
STALLONE A DIT
Rappel : dans les années 90, Stallone était une rock star du genre. Après une décennie glorieuse sponsorisée par Arrête ou ma mère va tirer ! ont été instantanément célébrées comme des horreurs, il reste au top.
Et c'est parce qu'il comprend que le public en veut surtout à son corps d'athlète et sa mâchoire de mâle alpha. C'est pour ça qu'il revient à la charge avec ses poings dans Cliffhanger, énorme succès en salles. Courtisé de tous les côtés, avec des salaires mirobolants avoisinant les 20 millions, Stallone a l'embarras du choix au milieu des années 90 : le film catastrophe No Safe Haven (l'histoire d'un ex-marine qui se retrouve à aider le président et sa famille sur une île, face à une secte armée et sous un ouragan), le film d'action High Roller (l'histoire d'un ex-tueur à gages qui affronte la mafia dans un casino de Las Vegas, et tente de protéger la fille du propriétaire kidnappé), ou le film catastrophe Daylight (l'histoire d'un ex-chef des urgences qui tente de sauver des survivants dans un tunnel écroulé à New York).
Nouveau décor, nouvelles têtes, mêmes galères
Quand Stallone dit oui, tout le monde dit oui. Davis Entertainement (derrière La Momie : La tombe de l'empereur Dragon.
Stallone a les pleins pouvoirs, et valide tout et tout le monde. Rob Cohen racontait dans une interview à Film Threat en 1996 que l'acteur avait son mot à dire sur le scénario, les autres acteurs, les costumes, soit plus ou moins un potentiel enfer pour un réalisateur. Mais pas dans ce cas-là :
"Ça a commencé quand on a discuté de son personnage, qu'il n'allait pas être Rambo, que je n'allais pas le laisser retirer son t-shirt. Qu'il n'allait rien faire qui puisse ne pas refléter le danger de la situation. Si c'était une situation effrayante, il allait être effrayé. Le personnage de Kit Lituro sauve des vies, veut réunir les gens, ce n'est pas un dictateur. Quand j'ai senti que Stallone allait dans cette direction avec moi, j'ai su qu'on allait faire ce film ensemble. Mais dire que je n'avais aucune appréhension à tourner avec lui serait un mensonge."
Car Stallone est un dur à cuire à l'écran comme à la vie, selon certains. Notamment Danny Cannon, qui garde un amer souvenir de Judge Dredd, où l'acteur aurait selon lui repris le contrôle jusqu'à changer entièrement sa vision. Mais pas sur Daylight. Rob Cohen affirme qu'il n'y a eu aucune dispute, aucun désaccord, aucun problème, et que l'expérience a été idyllique.
PARTIE DE PLAISIR
Les coulisses d'un tel film sont toujours délicieuses, et Daylight ne déçoit pas. La production s'est installée loin de Hollywood, dans les studios mythiques de Cinecitta, à Rome : non seulement c'était parfaitement adapté pour de vastes décors qui doivent être submergés, mais Stallone y avait en plus déjà tourné Cliffhanger.
Environ 500 000 dollars sont lâchés pour construire le bout de tunnel qui sert de décor central au film, pour un tournage qui ne sera pas de tout repos. Stallone était le premier à s'en réjouir à l'époque, en promo :
"Ce n'est vraiment pas satisfaisant d'aller dans le monde des effets visuels des super-ordinateurs et jouer face à des écrans bleus, comme on l'a fait dans Judge Dredd. Alors que dans Daylight, tout est là. L'eau était mouillée et les flammes, chaudes. (...) C'était incroyable. La première fois que j'y suis allé, c'était pour une scène où tout est en feu et l'eau commence à arriver. Je devais monter sur une voiture pour faire un discours, et une vague arrive. Je me suis retourné vers les autres acteurs, et je leur ai dit, 'J'ai fait beaucoup de films, et beaucoup de dangereux. Ça ne peut pas être plus réaliste que ça. Ce n'est plus une question de jeu. Si vous êtes aussi effrayés que moi, retournez-vous juste vers la caméra, et vous aurez fait votre job'".
Sly restant digne vs les autres
Rob Cohen racontait ainsi comment il a prévenu ses acteurs en amont, et perdu quelques candidats :
"Quand on est arrivé aux dernières étapes du casting, une fois que Sly était casté et que le film était lancé, j'allais parler aux acteurs. Ils s'asseyaient et je leur disais, 'Voilà la maquette du tunnel. Il fait 500 mètres. Ça va être rempli d'eau. Tu vas être dans l'eau, jour après jour, semaine après semaine. Ça, c'est le décor de la chapelle. Ce n’est pas plus grand qu'un salon. Tu vas être là avec 2000 rats, tu vas devoir nager sous l'eau, il va y avoir des explosions sur ce mur. L'air sera rempli de fumées non toxiques, mais il y aura de la fumée. Tu n'auras pas de doublure. Tu seras là. Maintenant, si tu veux le rôle, ok, allons au dernier round. Si tu ne veux pas, abandonne. Ne viens pas me voir à la troisième semaine pour dire que c'est trop dur.'"
Le casting d'Amy Brenneman est également intéressant, d'autant qu'il est en partie à mettre au crédit de Michael Mann. Rob Cohen raconte, avec des mots au mieux très maladroits, qui sentent bon les années 90 :
"Je ne voulais pas que ce soit, 'Oh Stallone se trouve comme par hasard dans un tunnel avec Cindy Crawford'. Je voulais une vraie femme. Une femme intelligente, parce que dans ces films d'action, il n'y a jamais de femme intelligente. Il y a Linda Hamilton qui est comme un mec, mais c'est une femme. Ou Sigourney Weaver, même chose. Je veux une femme qui soit une femme. Donc quand j'ai réécrit le scénario avec Kevin Wade, il a eu l'idée d'en faire une dramaturge ratée."
Un duo moins neuneu qu'à l'accoutumée
Mais le vrai défi sera de convaincre Stallone, puisque le monsieur est connu pour aimer donner la réplique à de belles femmes, selon le réalisateur.
"J'ai appelé mon ami Michael Mann, parce qu'Amy tournait Heat. Je lui ai dit que j'avais besoin de quelques images de ses scènes avec De Niro. Je savais que si Sly la voyait, il allait dire qu'elle n'était pas assez jolie. Mais s'il la voyait jouer avec De Niro, il allait voir sa vraie valeur en tant qu'actrice."
À noter que dans la foulée, Stallone donnera la réplique à De Niro dans Copland.
HÉROS MALGRÉ LUI
À l'époque, l'acteur vient d'avoir 50 ans, et exprime l'envie de ralentir la cadence côté cinéma d'action, tout en ayant conscience que le public s'y accroche et n'hésite pas à le bouder s'il va voir ailleurs, notamment dans la comédie. Daylight s'ouvre ainsi sur un Stallone terre-à-terre : le surhomme est ici un chauffeur de taxi a priori ordinaire, loin des personnages de flic, alpiniste et autres experts en explosif.
Une allure humaine qui disparaît vite, puisque l'explosion du tunnel réveille ses instincts de warrior sans peur. L'acteur et le personnage n'ont pas le choix : le monde les appelle. Le masque de simple citoyen tombe alors pour révéler le Stallone derrière, avec la petite mélodie bien connue du trauma : Kit Latura est l'ancien chef des urgences de New York, renvoyé et meurtri depuis un incident qui lui a fait perdre foi en lui-même. La catastrophe du tunnel servira donc de seconde chance, à la manière de Cliffhanger qui énonçait encore plus clairement le trauma d'origine.
Daylight sera alors une traversée des enfers, et une expiation pour le héros qui décide de littéralement plonger dans le cauchemar pour venir en aide aux autres, et laver ses péchés. Il traverse plusieurs épreuves, lesquelles testent sa noblesse d'esprit, que ce soit le courage, la détermination, ou encore l'humilité - le personnage ridicule de Viggo Mortensen, contrepoint pour servir la stature de Latura. Tout ça jusqu'à une renaissance inévitable et hautement symbolique, où le héros s'extirpe des profondeurs pour aller vers la lumière, et revenir à la vie dans les eaux de New York.
Ce n’est pas ma guerre : c'est mon destin
ACTION MÂLE
Coïncidence ou signe des temps : en 1996, Daylight sort quelques mois après le premier Tom Cruise pénètre dans le QG de la CIA dans un moment suspendu spectaculaire, chorégraphié comme une danse silencieuse. Stallone, lui, plonge dans le tunnel de l'enfer en ant trois gros ventilateurs, dans une course contre la montre pour ne pas finir en morceaux.
Des moments de bravoure très différents en termes de mise en scène, mais similaires dans le désir de jouer avec la fragilité du héros, soumis à son poids, son corps, ses limites potentiellement mortelles d'humain. Cruise est quasiment victime d'une goutte de sueur, quand Stallone semble littéralement tomber dans les chiottes après s'être pris quelques murs, et e par la case poubelles-aération juste après.
Daylight marque-t-il la fin du règne Stallone, forcé de laisser la place à la nouvelle garde, incarnée par Tom Cruise notamment ? Qu'il embraye avec un rôle dramatique dans Copland de James Mangold n'est pas anodin. C'était au minimum la fin d'un chapitre, pas étranger à l'avènement des images de synthèse et autres fonds verts, qui ont presque instantanément renvoyé Stallone au rang des dinosaures.
Son retour au rayon action au début des années 2000 avec Évasion).
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Le chant du cygne est venu après Copland. Ce film est tellement magnifique. Et pourtant boudé par beaucoup qui ne s’attendaient pas à voir sly dans ce genre de film. Dommage.
Vu au cinéma. J’avais beaucoup aimé. Le film ne perd pas de temps et fixe le drame dès le début. Pas de temps mort, de bons effets spéciaux et un décors très bien reproduit (pourtant en Italie). Mais c’était effectivement le chant du Cygnes de Stallone. Après, on retrouve toujours le même type de personnages stéréotypés des films du genre.
Je res RobinDesBois sur Rocky Balboa et John Rambo. Daylight n’est pas mauvais mais c’est moins bien que Cliffhanger ou le Pic de Dante mais bien au dessus de Volcano. Par-contre la scène ou la citerne déboule sur Stallone, ça devait sûrement fonctionner sur le papier mais sur pellicule, pas du tout. Stallone est risible dans cette scène.
je ‘lai vu en son temps sur cassette vhs,,
assez correct, mais çà fait bien 22/23 ans que je l’ai vu, il a dû prendre un gros coup de vieux sur les vfx, les vêtements , les décors, les bagnoles
Stallone, sa tête était encore naturelle à l’époque, mais é le debut 2000, il a commence a deconne en chirurgie pas tres esthetique,
et au niveau physique, là encore il était en mode non chargé, et 100% naturel
quand je l’ai vu dans le premier expendable, je le reconnaissais pas, çà faisait plus de 10 ans que je le suivais plus, et le mec est devenu meconnaissable, chargé comme une mule, il s’était fait choper aux douanes en Australie il me semble avec toute la pharmocopée…
Geoffrey, pourquoi pas, il faut dire qu’à l’époque Sly sortait un film potable sur 2.
Ses deux chants du cyne sont Rocky Balboa et John Rambo. La boucle est bouclée magistralement.
@Flash
Je dirais que oui ! En tout cas si ce type de spectacle (film catastrophe, héroïsme, huis clos, Stallone, années 90) vous amuse.
Jamais vu ce film, ai je loupé quelque chose?