Incroyable : le succès du film de vampires Ryan Coogler, se confirme. Et défie les règles habituelles du box-office.
Le vent a semble t-il tourné sur les plaines de The Alto Knights (même pas 10 millions récoltés, pour un budget de 50 millions).
Jusqu’à ce que l’affreux film Minecraft ne remette les pendules à l’heure. Sorti début avril, le blockbuster à 150 millions a déjà é les 800 millions au box-office mondial, et le milliard est à l’horizon. De quoi offrir un sursis en or à Pamela Abdy et Michael De Luca, co-directeurs de Warner Bros. Pictures depuis 2022, et dans le collimateur du grand patron David Zaslav selon la rumeur.
Mais le duo de producteurs a finalement un plus beau joker que le carton pas si étonnant de Minecraft : le succès fou de Sinners, le film de vampires de Ryan Coogler (Black Panther, Creed) avec Michael B. Jordan, qui défie la plupart des règles habituelles du box-office pour son deuxième week-end triomphant.

LE CAS D’ÉCOLE SINNERS
La logique du box-office veut qu’après son premier week-end et la curiosité de la nouveauté, un film commence à dégringoler. La chute de fréquentation est inévitable, et elle se situe le plus souvent autour des -50% ou -60%, sauf si c’est un bide (-72% pour Kraven, -81% pour Joker : Folie à deux).
Mais il y aussi les cas où le bouche-à-oreille est très positif. Sinners a de toute évidence résonné avec le public américain puisqu’après un premier week-end en haut du podium avec 48 millions de dollars, il conserve sa première place avec un score de 45 millions pour son deuxième week-end sur 3 347 écrans (soit 39 de plus qu’à sa sortie). C’est une chute de seulement -6%, l’une des plus petites pour un film hors périodes exceptionnelles de fin d’année. Et ça, c’est exceptionnel.
Les écrans IMAX représentent 10 millions sur ce deuxième week-end.
Rayon horreur, c’est une chute de fréquentation qui fera baver tout le monde, et qu’on peut comparer à Get Out (-15%). Et c’est le meilleur deuxième week-end pour un film d’horreur Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés, aux Etats-Unis), derrière le premier Ça qui avait encaissé 60 millions sur un week-end férié de trois jours en 2017.
C’est d’autant plus spectaculaire que Sinners affrontait une nouveauté horrifique : le Until Dawn. L’adaptation du jeu vidéo a été piétinée et se retrouve en cinquième place avec un score estimé à 8 millions. Heureusement qu’elle n’a coûté que 15 millions.
Les vampires de Ryan Coogler ont également fait mieux que la ressortie de Star Wars : La Revanche des Sith (25 millions, soit un très, très beau score), le retour de Ben Affleck dans Mr. Wolff 2 (24 millions), et Minecraft (dans les 22 millions).
LE SUCCÈS DE SINNERS FAIT-IL PEUR À HOLLYWOOD ?
Le succès de Sinners est une bonne nouvelle dans une industrie où les IP (propriétés intellectuelles, c’est-à-dire les marques, les franchises) dirigent tout. A bien des égards, il sort du cadre habituel : c’est un scénario original (ni une suite, ni une adaptation, ni un remake, ni un reboot…), c’est un film d’horreur Rated R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) de 2h17, et il a coûté la coquette somme de 90-100 millions de dollars. Auxquels il faut rajouter le budget marketing, estimé à 45 millions.
A titre de comparaison, Sinners a coûté plus cher que Nope (environ 70 millions), Life (environ 60 millions), Underwater (dans les 50-60 millions), le premier Ça (40 millions) et Ça : Chapitre 2 (80 millions). C’était donc un vrai gros pari pour Warner Bros.

Et surtout, le studio a accepté des conditions extraordinaires pour mettre la main sur les droits de distribution de ce projet très convoité, face aux concurrents Sony et Universal. Propulsé par le succès affolant du premier Black Panther en 2018 (1,3 milliards au box-office), Ryan Coogler a ainsi pu obtenir :
- Le final cut : il a eu le dernier mot sur le montage, la teneur et la durée du film, là où d’ordinaire c’est le studio qui décide (à noter que Bong Joon-ho, toujours chez Warner, a eu droit au même privilège avec Mickey 17).
- « First-dollar gross points » : il touche un pourcentage sur les recettes du box-office dès le premier dollar encaissé, alors que d’ordinaire c’est à partir d’un certain seuil de succès, pour que le studio se serve en premier.
- La possession des droits : encore plus important et exceptionnel, le réalisateur et scénariste récupèrera les droits de Sinners dans 25 ans.

Pour toutes ces raisons, le succès de Sinners doit être difficile à digérer pour certains à Hollywood. Non seulement Ryan Coogler va toucher gros sur la sortie cinéma en 2025, mais il va pouvoir rallonger ce salaire dans 25 ans lorsqu’il récupèrera les droits, pour exploiter le film comme il le souhaite (une ressortie, une suite…), à la place du studio.
Ryan Coogler n’est pas le premier à obtenir une telle clause dans son contrat. Quentin Tarantino avait fait de même avec Once Upon a Time… in Hollywood. Mais le succès de Sinners pourrait donner des idées à d’autres, et faire glisser les choses. Alors que les studios se battent constamment pour attirer chez eux les cinéastes à la mode, ce point précis pourrait devenir un levier moins rare dans les négociations.
Reste néanmoins à voir si Sinners sera réellement rentable vu son budget global proche des 150 millions de dollars – pour rappel, une part des recettes revient aux salles de cinéma, et c’est au minimum la moitié. Dans tous les cas, ces vampires vont être surveillés par tout Hollywood. Sinners approche déjà des 160 millions au box-office mondial, et on suivra tout ça de près dans les prochaines semaines.
Tant mieux, le bouche à oreilles fonctionne encore.
J ´espère que ça incitera d’autres réalisateurs à proposer des créations originales.
La RÉDACTION
Pouvez débloquer le NOMBRE DE COMMENTAIRE que je peux écrire ❗ le message me dit pas plus de 13 Commentaires.
JE VOUDRAIS REPONDRE SUR LA CRITIQUE DE ASH A
Joey Joe Joe Jr Shabadoo
Qu’on ait aimé ou non le film, ça fait plaisir de voir réussir un film non-franchisé, un peu hors-cadre (mélanger ségrégation, blues et vampires), qui ne soit ni une adaptation d’un jeu, ni un reboot/remake. J’espère que ça va rassurer les studios et nous permettre de voir d’autres réalisateurs nous offrir des histoires originales.
Pourquoi le succès de SINNERS est étonnant ?
BLACK POWER, ce film a trouvé son public Une histoire qui se e en 1932 , Ku Klux Klan , Ségrégation raciale . Des VAMPIRES Blanc … et le BLUES.
Ce qui ma m’étonné c’est le FLOP de MICKEY 17.
En même temps, y a rien d’autre à aller voir… Mais content effectivement
Intéressant, notamment l’histoire des clauses signées par le réal. Décidément, depuis 2020 et l’après-covid, le succès ou l’échec des films commencent à devenir un grand mystère… sans parler de la qualité de Sinners que je n’ai pas vu.
Mais il semble que le bouche-à-oreille, via les réseaux, puisse changer la donne au niveau mondial : on avait déjà eu les succès un peu disproportionnés de Barbie et Oppenheimer, maintenant Minecraft et Sinners… ou même en Monte-Christo et Un p’tit truc en plus.
On dirait qu’il y a une sorte d’effet « réseaux sociaux » où tout le monde se e le mot, un peu comme avec le succès des séries. Même sans avoir lu les critiques, même si ils ne sont pas des habitués de ce genre de film, les gens se précipitent parce que tout le monde en parle, il FAUT avoir vu le film. Et des films qui il y a encore 15 ans auraient été des succès de niche deviennent des énormes cartons ! Et à l’inverse, des films connaissent des échecs terribles, là aussi disproportionnés. Ils ne se seraient jamais plantés comme ça il y a 10 ou 20 ans. Je dois dire que cette tendance me fascine, j’ai un peu de mal à comprendre…