Alors que son personnage America Chavez s’apprête à redre Docteur Strange au cinéma, Joe Casey évoque l’offre « insultante » des studios pour l’adaptation de son personnage au grand écran.
Doctor Strange in the Multiverse of Madness s’apprête à adresser les conséquences qu’occasionne l’ouverture d’une brèche multiverselle, le métrage sera également l’occasion d’intégrer de nouveaux héros à l’univers cinématique Marvel.
Parmi cette flopée de petits nouveaux, America Chavez, première héroïne latino-américaine et lesbienne qu’interprètera la toute jeune America Chavez aurait dû être introduit dans Spider-Man : No Way Home, mais après un premier report, elle sera finalement découverte aux côtés de Docteur Strange.
Si l’arrivée du personnage sur grand écran a de quoi réjouir les fans des comics Miss America, il y a néanmoins une ombre au tableau. Au regard de l’exploitation majeure à venir du personnage, son co-créateur Joe Casey, serait selon toute logique, en droit d’en attendre une compensation décente de la part des studios Marvel. Mais que nenni et ce n’est pas la première fois que Marvel ne paye pas trop les auteurs de comics derrière les inspirations filmiques.
« Ils ont payé ton auteur toi » « Non, et toi ? » « Non, et toi ? » « Non »
Faire profiter ses auteurs ? Pourquoi diable ?
Forts du constat bien connu qu’un artiste ne vit que d’amour et d’encre fraiche, l’entreprise américaine conserve automatiquement la propriété intellectuelle de tout personnage inventé au sein du MCU, et ne propose en contrepartie qu’une modeste compensation fixée aux alentours de 5000 dollars par auteur/artiste. Une somme aussi grotesque que risible si l’on considère les milliards de dollars qu’engrange le studio grâce à ses productions.
Si Disney argue qu’il arrive, parfois, toutes les lunes bleues, que des sommes plus importantes soient versées, le montant précédemment mentionné semble toutefois être la norme au sein de la boîte. Si le montant paraît faible, les officiels du studio à grandes oreilles se plaisent cependant à rappeler la bouche en cœur et une bouteille de lubrifiant à la main, que les contrats signés par les artistes n’engagent aucunement l’employeur à compenser financièrement l’exploitation des futures petites poules aux œufs d’or.
Le co-créateur d’America Chavez a donc un goût amer dans la bouche : s’il est fier de son personnage et de tout ce qu’elle symbolise auprès des diverses communautés qu’elle représente, l’auteur a avoué à The Hollywood Reporter regretter que son adaptation cinématographique ait lieu sans qu’il soit indemnisé décemment :
« Marvel est propriétaire d’America Chavez, il n’y a aucun débat à avoir là-dessus. Mais il y a tout de même un problème d’ordre systémique dans la façon dont les créateurs ne sont ni récompensés ni respectés. Marvel ne m’a jamais rien payé pour America Chavez. Ni pour sa participation à Docteur Strange 2, ni pour les nombreux épisodes de séries animées, ni les figurines qu’ils ont faites à son effigie, ni les jeux vidéo au sein desquels apparaît… Et ils ont l’air plutôt en paix avec cette décision.«
Apprenant l’exploitation de son personnage dans la suite des aventures de Docteur Strange, Casey s’est vu dans l’obligation d’aller lui-même réclamer une proposition de contrat auprès de Disney. Une proposition qu’il précise toutefois avoir refusée, jugeant le montant offert par les studios offensant et inapproprié.
Courir après l’argent maintient les artistes en forme
UNE BIEN MAUVAISE HABITUDE
Joe Casey est loin d’être le premier artiste-auteur à s’être plaint publiquement de ce manque de considération des studios envers les équipes créatives : en 1938, Jerry Siegel et Joe Shuster vendaient leur Superman à DC pour 138 dollars, et ne toucheront pas un centime de plus par la suite en dépit du succès que rencontrera le personnage.
Plus récemment, Jim Starlin, le créateur de Thanos, s’est plaint du peu d’argent que lui a rapporté l’utilisation du personnage emblématique, pourtant figure centrale des deux derniers opus de la colossale saga de l’infini : Avengers : Infinity War (2018), et Avengers : Endgame (2019). Et si Starlin est finalement parvenu à négocier un meilleur contrat, Ed Brubaker ne peut pas en dire autant : l’auteur qui aura ressuscité Bucky Barnes, a.k.a le Soldat de l’hiver dont dépend plusieurs métrages et sa propre série, Falcon et le Soldat de l’Hiver, n’aura non seulement pas été adéquatement compensé pour l’exploitation du personnage, mais n’aurait de surcroît pas été convié à la projection de Captain America : Le Soldat de l’hiver. Un comble.
« Pourquoi il est pas à la projection mon auteur ? »
Si Casey était bien entendu conscient de l’impitoyable machine dans laquelle il mettait les pieds en acceptant de travailler pour Marvel, ce dernier a déploré malgré tout le manque de communication et de transparence des studios :
« Pour moi, ce n’est pas tant une question d’argent. Ce n’est même pas une question de respect. Je ne m’attends pas à être respecté par une entreprise de ce genre. J’ai la chance aujourd’hui d’être dans une position où je peux me permettre de ref, de ne pas accepter cette offre insultante, et où je peux me permettre d’en parler publiquement. Et peut-être, sait-on jamais, la prochaine personne aura une meilleure chance de recevoir l’argent qu’on lui doit, et cet argent pourra peut-être lui changer la vie.
Scarlet, à deux pas des bureaux Disney
Je ne suis pas amer, ou vexé. Je sais comment les choses fonctionnent dans ce milieu. Mais je sais aussi que c’est comme cela que l’on peut changer les choses, en en parlant.«
Et effectivement, il n’y a qu’à voir les répercussions du procès intenté par Scarlett Johansson contre Disney : en rendant l’affaire publique, l’actrice a ainsi ouvert la voie à des acteurs au profil plus modéré pour mieux défendre leurs droits. En espérant donc que la prise de parole de Casey au regard de ces mauvais traitements financiers des artistes ajoute un peu de poids à la balance du changement.
L’hubris du mec. Il connaissait les règles du jeu en sigant chez marvel, mais par contre personne ne connaissait son personnage moisi.
Il devrait etre déjà fier que sa création intègre un projet aussi grand, ça lui fait toujours une bonne pub.
Surtout que Marvel intègre America pour son coté inclusif, pas pour les vente famélique du comic et le scénariste va devoir quasiment tout réécrire pour qu’elle soit interessante.
Donc bon.
Donc , si je comprends bien , les créateurs de Spider man et autres, méritent les seuls à être encore payés après leurs morts..? Et pas tous ceux qui ont repris les personnages depuis, puisqu’ils ne les ont pas créé ?
Désolé, mais tout travail a bien mérité salaire, comme on dit. Tu aimerais toi qu’on te paye une miche de pain et qu’on exploitent ceux qui continuent ton œuvre boulangère, en les effaçant presque?
Ta logique est purement cupide. Sauf que l’entreprise n’existe pas non plus sans des fonds limités.
Désolé, je ne trouve pas ça normal qu’on traite ainsi ceux qui ent après les créateurs, dont les personnages les plus emblématiques ont droit à la mention de créateurs au générique. Mais qui restent officiellement vendus au studio. Le propriétaire a tous les droits, qui que soit ce proprio.
Et Joe Casey a créé un personnage dérivé de America Chavez, du nom de America Vasquez, et qui lui appartient plus. Et Marvel ne l’a pas attaqué en justice pour ça.
Respect.
Donc , si je comprends bien , les créateurs de Spider man et autres, méritent d’être aussi méprisés, juste parce qu’ils sont salariés ?
Désolé, mais tout travail mérite salaire, comme on dit. Tu aimerais toi qu’on te paye une miche de pain et qu’on s’approprie ton œuvre, en t´effaçant presque?
Ta logique est purement entrepreunariale. Sauf que l’entreprise n’existe pas sans ses piliers créatives.
Désolé, je ne trouve pas ça normal qu’on les traite ainsi.
Pourquoi Nyl ? Ils ne les ont pas insulté, pas empêché d’être payé à l’époque pour le boulot fait… Et avec les tas de personnages existants, pas tous starifiés (America Chavez reste peu connue), et utilisables par tout le monde, pourquoi ils devraient en vouloir plus pour ce qui est é, au lieu de travailler sur leurs propres œuvres de maintenant ?
La fortune qu’il faudrait serait si colossale qu’il n’y aurait plus qu’à fermer boutique. Bien malin ça.
En attendant, tout le respect possible est bel et bien là. Plus, ça serait impossible.
Le modèle économique visant à priver les artistes de tout droit sur leurs créations existent et les gros éditeurs de Comics fonctionnent sur ce principe. Ce type de procédé me pose problème (pour utiliser un euphémisme) et dire que « puisque c’est dans le contrat, c’est normal, faut pas se plaindre après » revient à nier l’intérêt et la légitimité de toute lutte sociale et la revendication de droits pour échapper à une situation d’exploitation (ce que pensent peut-être certains). Je ne suis pas d’accord.
D’ailleurs, si les artistes étaient mieux respectés et conservaient des droits sur leurs créations, Marvel et DC feraient peut-être moins n’importe quoi avec les personnages. Les artistes français maîtrisent leur œuvre et les sėries de BD françaises (ou belges) tiennent bien mieux la distance et leur cohérence pour cette raison. Les artistes américains ne sont pas moins talentueux, il faut juste qu’ils aient l’opportunité de développer leur œuvre correctement, sans changements intempestifs de mains, sans directives à la c… du boss, sans crossovers idiots imposés ou reboot absurde d’univers.
Juste une opinion.
@kelso
Oulah non, on parle de contrats et de types droits en général très très différents. Bien sûr, cela peut varier de manière importante d’une entreprise à l’autre ou tout simplement d’un pays à l’autre.
Mais mieux vaut avoir un roman adapté qu’un comics, quand on est auteur.
Pour les romanciers c’est pareil, la plupart du temps il est stipulé dans le contrat signé avec la maison d’édition que les droits du romans appartiennent a l’éditeur, donc je pense que eux aussi ne touchent pas grand chose lorsqu’un de leur roman est adapté au cinéma ou en série.
Marvel et les autres, quelques part ce sont des pièges dont les auteurs/créateurs de talent devraient sortir au plus vite s’ils le peuvent. Bien sur personne ne les obligent à signer mais c’est tout de même indécent qu’un acteur touche parfois des dizaines de millions voir bien plus et que le ou les auteurs originaux, ceux qui sont à l’origine du concept graphique ne touchent rien, ou si peu.
Normal*
@Flo
Est ce pour autant de traiter les artistes, des personnes, de cette manière ?
Car sans eux, il n’y aurait pas de MCU, ni de Marvel.
Les créateurs méritent un peu plus de reconnaissances, non ?