La série Netflix a dévoilé les coulisses de cet exploit technique absolument fascinant.
Netflix s’est déjà bien amusé avec les plans-séquences dans quelques-unes de ses productions, à l’image de la série zombiesque Black Summer en 2019, d’une séquence incroyable de l’épisode 1 de À l’aube de l’Amérique ou encore de certaines d’action de Carter et des deux Tyler Rake avec Chris Hemsworth. Étant revenu à la mode avec Birdman en 2014, le procédé n’est pas toujours utilisé à bon escient par Hollywood, mais le N rouge en a fait un usage exceptionnel dans la récente série Adolescence.
Showrunnée par Jack Thorne et Stephen Graham et réalisée par Philip Barantini, la série est composée de quatre épisodes reposant chacun entièrement sur un plan-séquence. Un exploit que le réalisateur avait déjà réalisé, avec Stephen Graham d’ailleurs, sur le film The Chef mais qu’il a perfectionné pour Adolescence. Visuellement, c’est une merveille absolue et on avait forcément envie d’en savoir plus sur les coulisses d’une telle prouesse. Explications.

le génie des coulisses
Pour rappel, Adolescence raconte l’histoire de Jamie, un adolescent de 13 ans, accusé du meurtre d’une de ses camarades. La série suit alors son arrestation et les conséquences sur sa famille, ses amis et plus globalement, sur son école et la ville. Et lors d’une interview avec Deadline fin février, Jack Thorne avait intrigué tout le monde en expliquant que lui, Stephen Graham et Philip Barantini avaient eu l’idée d’utiliser des plans-séquences pour concrétiser Adolescence :
« La caméra ne cligne pas des yeux dans cette série, ce qui permet une certaine crudité et une certaine honnêteté. L’impossibilité de couper, l’idée que les quatre épisodes sont partiels, cela permet de raconter une histoire plus complexe que si nous étions au cœur du système judiciaire. »
C’était une incroyable promesse que Barantini avait lui aussi teasé pour les spectateurs :
« Il existe de nombreuses façons de raconter ces histoires et d’aborder les crimes au couteau, mais nous souhaitions consacrer beaucoup de temps à réfléchir à notre rapport à la rage et à parler des difficultés que nous rencontrons en tant qu’êtres humains. Le résultat est une œuvre qui utilise la technique pour libérer l’émotion. »

Au visionnage, la promesse est non seulement tenue, mais le résultat est surtout encore plus impressionnant qu’espéré. Comme la plupart des œuvres utilisant le plan-séquence, on pouvait imaginer que la série serait montée en un seul plan, mais qu’elle aurait été tournée en plusieurs plans-séquences raccordés numériquement en post-production. Sauf que ce n’est pas le cas du tout, chaque épisode est bien filmé en un seul plan-séquence, tourné en une seule prise. Interrogé par Premiere, Stephen Graham a détaillé le processus de préparation et tournage fou :
« La première semaine, on avait une semaine pour répéter ensemble. On défrichait le script de manière méticuleuse, avec Jack Thorne (le scénariste), sur le plateau. Cela nous donnait l’occasion d’analyser les personnages, les situations, et de poser des questions si besoin. Donc on a vraiment pu aller au plus profond du texte pour le comprendre entièrement.
La deuxième semaine, on chorégraphiait un ballet, en harmonie avec l’équipe technique et les caméramans. Il fallait qu’on soit tous impliqués dans le processus, pour garder la fluidité de l’histoire. Il fallait une certaine synergie avec les gens du son, les accessoires et nos deux opérateurs caméras qui se relayaient. Ces prises étaient trop dures à faire pour une seule personne. La caméra ait parfois de main en main, d’un drone à une voiture, donc il fallait une organisation très stricte.
Et puis la troisième semaine, on était prêts à filmer. Tout était en place pour réussir à capturer un éclair dans une bouteille ! C’est juste ça qu’on a essayé de faire.«

SILENCE, ACTION, ON TOURNE EN UN SEUL PLAN
Vu l’effervescence autour de la série et son exploit technique et logistique, Netflix ne rate évidemment pas une occasion d’en dévoiler toutes les coulisses. Dans un thread sur X/Twitter, la plateforme a ainsi révélé que pour la série :
« Il était initialement prévu de filmer chaque épisode en entier dix fois (une fois le matin, une fois l’après-midi, sur cinq jours) – mais en réalité, plusieurs tentatives ont échoué et il a fallu recommencer, si bien que certains épisodes ont nécessité bien plus de dix prises. »
Ainsi, le N rouge a dévoilé quelles prises ont été choisies pour les épisodes finaux :
- Épisode 1 – Prise 2 – faite le premier jour de tournage
- Épisode 2 – Prise 13 – faite le 5e et dernier jour de tournage (la dernière prise)
- Épisode 3 – Prise 11 – faite le 5e et dernier jour de tournage (la dernière prise)
- Épisode 4 – Prise 16 – faite le 5e et dernier jour de tournage (la dernière prise)
ADOLESCENCE.
— Netflix (@NetflixFR) March 19, 2025
Le making-of. C'est dispo juste ici : pic.twitter.com/7roGHFDECN
Plus encore, Netflix a aussi précisé les coulisses de tournage de la fin de l’épisode 2, où la caméra s’envole dans les airs, survole la ville avant de retrouver le personnage de Stephen Graham sur un parking :
« Le directeur de la photographie porte la caméra et suit une élève jusqu’aux feux tricolores, en plan large, à la sortie des cours. Avant qu’elle ne traverse la rue, une équipe fixe la caméra à un drone, qui survole ensuite les lieux du crime sur une distance de 500 mètres. C’est là que le cadreur et l’équipe de machinistes capturent la caméra en douceur et enchaînent avec un plan rapproché de Stephen Graham. »
Un plan remarquable, parmi tous les autres, dont il est possible de voir la conception en images. En effet, en plus de répondre à quelques questions (notamment le nombre fou de 370 figurants dans l’épisode 2 se déroulant dans une école), Netflix balancé sur son site Tudum by Netflix, le making-of de chaque épisode. Des petites merveilles qui donnent une meilleure idée de l’envergure de la série et de sa mise en scène. Pour rappel, Adolescence est disponible sur Netflix depuis ce 13 mars 2024.
Bizarrement, c’est sur ce deuxième épisode, sur ce plan-séquence le plus ample et le plus impressionnant que j’ai trouvé le temps d’interroger la pertinence du procédé.
Enfin, brièvement.
Puis claque, les deux épisodes suivants déboulent…
Je suis pas fan des plans séquences mais ce réal a l’art et la manière de les rendre ionnants. Le dernier épisode est un petit chef d’œuvre